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Mardi, 30 Novembre 2010 | Écrit par L'équipe Scripto |
Notes sur oeuvres - Géopolitique
Un des avantages d’être une colonie de l’Empire OTAN, c’est qu’on peut s’attendre à avoir une information un peu moins mauvaise sur l’Empire Chinois. Un peu moins mauvaise, en tout cas, que si l’on était… chinois.
Ce n’est certes pas demain la veille qu’on verra paraître en France, dans les grandes librairies, un ouvrage aussi approfondi que « Les services secrets chinois », mais consacré, celui-là, par exemple à l’action du MOSSAD en France, ou au verrouillage de l’appareil d’Etat US par les réseaux de la CIA (ne parlons pas de l’action de la DCRI ou de la DGSE).
Et on ne s’en étonnera pas…
Cela dit, ce constat amère n’enlève rien à la nécessité de se documenter. « Les services secrets chinois » de Roger Faligot fait partie de cette rafale de livres qui viennent d’atterrir dans nos librairies pour nous informer que, ô surprise, le véritable adversaire de l’Occident, à l’échelle géostratégique, n’est pas constitué par une bande d’improbables djihadistes explosifs, mais par l’autre superpuissance économique, à savoir la Chine. On fera donc le tri entre ce qui relève de la propagande anti-chinoise et ce qui relève de l’information, on se préoccupera surtout des évènements récents, on zappera l’histoire des services chinois sous Mao, et c’est parti pour une note de lecture !
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En décembre 1989, peu de temps après l’écrasement de Tian Anmen, Deng Xiaoping donne ses consignes à ses successeurs : « observer et analyser froidement, dissimuler nos véritables capacités ». En d’autres termes : en savoir le plus possible sur l’adversaire ou le partenaire, et faire en sorte que de son côté, il en sache le moins possible. La gestion du renseignement est au cœur de la stratégie chinoise. Ce n’est pas un simple outil de la politique étrangère, c’en est une composante intégrée.
Il faut dire que les services secrets du PCC sont nés en même temps que lui. La police de la concession française de Shanghai avait débarqué par surprise à la réunion fondatrice du mouvement en 1921. Aussitôt, le PCC, à peine constitué, organisa un service de renseignement pour débusquer le traître qui avait dévoilé aux autorités le lieu de l’évènement. L’enquête du camarade Luo Yinong, formé par les soviétiques, révéla que la police française avait pris en filature quelques envoyés du Komintern, à leur arrivée à Shanghai. Parmi eux, le monde est petit, un jeune Français alors inconnu : Jacques Doriot.
Entre les deux guerres, les services du PCC vont s’étoffer progressivement, dans l’ombre des « résidences » mises en place méthodiquement par la Guépéou soviétique. Tandis que le PCC aide les soviétiques à espionner la Chine en ébullition, ceux-ci fournissent aux jeunes services chinois le support logistique et le réseau pour expédier des agents à l’étranger, pour faire de l’agitation et, en même temps, apprendre. Parmi ces expatriés, on relève un jeune « Hakka », c'est-à-dire le ressortissant d’une minorité ethnique au sein de l’Empire Chinois. Il est affecté à Paris, où il infiltre la Diaspora chinoise pour le compte de ses patrons (de Chine et de Russie). Son nom est Deng Xiaoping, mais pour l’instant, on le surnomme « monsieur Ronéo », car il passe ses soirées à tirer des revues subversives ronéotypées. Il croise parfois, chez ses amis du PCF, un Vietnamien souriant, un certain Ho-Chi-Minh, ou encore un autre Chinois, au port aristocratique caractéristique de la culture mandarinale, un certain Zhou Enlai. Là, en France, comme d’ailleurs un peu partout à travers l’Occident, les futures élites de la révolution asiatique apprennent à fusionner leur héritage stratégique chinois avec les innovations occidentales. Et ces élites sont, par la force des choses dans toute action clandestine, initiées à la politique sous l’angle du travail de renseignement.
Les réseaux secrets du PCC s’appuient alors beaucoup sur la minorité Hakka. Il est intéressant de connaître, dans ses grandes lignes, l’histoire de ce petit peuple, membre de la grande famille Han, obligé de se réfugier au sud de l’Empire du Milieu, il y a des siècles, pour fuir les guerres du nord. Déshérités de la Chine, ces « Hakkas » ont développé des habitudes, des capacités, une aptitude générale à la survie sans base territoriale stable, qui ne sont pas sans rappeler les caractéristiques des Juifs ashkénazes en Europe (jusque dans leurs liens structurels avec une société secrète dite des « Grands Frères », la Gelaohui, qui fonctionne par imbrication entre mystique et action). Leur utilisation par les services chinois démontre que le rôle particulier des milieux ashkénazes dans l’histoire des mouvements révolutionnaires ne tient pas à une spécificité juive : elle est d’abord la conséquence d’une isomorphie entre les aptitudes qu’imposent le nomadisme et les exigences de l’action clandestine.
Les services secrets du PCC se sont formés progressivement, à travers les années de lutte, de 1921 à 1949, constamment sur deux fronts : le front intérieur, où ils apprennent les techniques de l’espionnage (surtout militaire), de l’infiltration (des milliers d’agents du PCC furent « injectés » dans l’appareil du Kuomintang et parmi les informateurs de la police), de la contre-infiltration (exécution systématique des traîtres) et de l’action directe (service action particulièrement violent, utilisé à des fins terroristes), contre les impérialistes occidentaux ou japonais et contre le Kuomintang… mais aussi un front extérieur, où ces services développent des stratégies d’influence méthodique sur les communautés chinoises (surtout à des fins de renseignement non militaire).
Les services secrets du PCC constituent donc un « fait nouveau » dans l’histoire de la Chine : un appareil qui n’est pas spécifiquement centré sur l’Empire du Milieu, mais possède, comme aptitude native, une capacité de projection hors frontières. Cet aspect de leur histoire est essentiel pour comprendre leur efficacité présente : ils sont la synthèse entre vision chinoise et vision occidentale – en quoi on peut supposer qu’ils sont potentiellement plus souples et réactifs que leurs adversaires, en général plus mono-culturels.
Une autre caractéristique des services secrets chinois résulte de leur naissance dans les années de lutte : formés à une époque où le PCC grandissait très vite sans pouvoir vraiment contrôler les adhésions, ils devaient, pour éviter les infiltrations, définir un corps particulier dans cet ensemble. Il en est résulté qu’ils se sont en pratique organisés progressivement comme une sorte de secte à l’intérieur du PCC, ayant très peu de liens avec le reste de la structure. Dans ces conditions, étant donné la forte proportion de dirigeants qui sortent de leurs rangs, on peut un peu les voir à la fois comme des services secrets classiques, et aussi comme une sorte de « Parti intérieur », sur le modèle de l’opposition « Parti intérieur / Parti extérieur » proposée par Orwell dans 1984.
On remarquera, à ce propos, que la « contre-infiltration » donne aux services secrets chinois un pouvoir énorme sur tout l’appareil du Parti : de nombreux cadres de ces services ont participé, au moment des « procès de Moscou », à l’épuration anti-trotskiste de Staline. La leçon fut bien apprise, comme l’histoire du maoïsme le démontra : un des maîtres des services secrets chinois sous Mao, Kang Sheng, importa dans le PCC la technique stalinienne des « quotas de traîtres », visant à épurer le Parti régulièrement, sur la base d’une « proportion supposée » de « déviationnistes ». On peut estimer qu’au fond, Mao, pendant une grande partie de son « règne », ne fut que la marionnette des services secrets du PCC.
Etudier les services secrets chinois, c’est probablement étudier le vrai pouvoir à Pékin.
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Et aujourd’hui, où en sont les services secrets chinois ?
Quand Deng Xiaoping parvient au pouvoir, en 1978, il commence par réorganiser les services secrets. Pour cela, il conduit une sorte de déstalinisation à la Chinoise, qui épargne la figure tutélaire de Mao (pour ne pas fragiliser l’image du Parti dans les masses populaires) mais écrase les héritiers de Kang Sheng. C’est un peu comme si Khrouchtchev avait fait liquider Beria sans condamner le culte de la personnalité. Deng sait parfaitement ce qu’il fait : pour venir lui-même du sérail des services secrets, il en connaît la puissance. Il sait qu’il suffit de se rendre maître de cette citadelle-là, pour conquérir tout l’Empire.
A la différence de Mao (un Néron déguisé en César), Deng est un authentique visionnaire et, indiscutablement, un des plus grands hommes de l’histoire chinoise. Il désosse méthodiquement les services secrets du PCC, ne leur laissant qu’un travail de surveillance politique mineur, et réaménage les éléments qu’il en a sortis pour fabriquer une grande agence d’espionnage aux méthodes modernisées. Le modèle en est le KGB, et le nom du service, « Guoanbu », est d’ailleurs l’acronyme de « ministère de la sécurité d’Etat » (tout comme KGB est l’acronyme de « comité de la sécurité d’Etat »). Le cœur de son travail : renseignement extérieur et contre-espionnage. La surveillance de la population dans une perspective idéologique passe au second plan, puis disparaît presque.
Voici l’organisation mise en place sous Deng, et qui est semble-t-il encore en place aujourd’hui, à quelques nuances près (certains bureaux ont été divisés, d’autres ont changé de numéro) :
Le 1er Bureau s’occupe de la sécurité intérieure. C’est un service de contre-espionnage au sens large, disposant de sa propre police, et même de ses propres camps au sein du Lao Gai. Il ne s’occupe pas des questions de conformité idéologique, mais du démantèlement des réseaux d’espions une fois ceux-ci détectés par le 6ème Bureau. Il est vrai que dans un pays comme la Chine, la frontière est parfois poreuse entre déviation idéologique et trahison…
Le 2ème Bureau s’occupe du renseignement à l’étranger. Il fait un travail assez comparable à celui de la CIA, de la DGSE ou du FSB. En France, il est particulièrement actif dans l’étude des réseaux d’influence vers l’Afrique francophone (la cible numéro un de Pékin).
Le 3ème Bureau s’occupe de l’infiltration dans les zones visées par l’expansion chinoise (Taïwan en premier lieu). Son travail fut en grande partie à l’origine de la rétrocession bien conduite de Hong Kong : quand elle eut lieu, pour l’essentiel, le scénario avait été pré-cadré avec des élites locales déjà sous influence.
Le 4ème Bureau s’occupe de la technologie. Il assure la logistique des autres bureaux.
Le 5ème Bureau contrôle le renseignement local. Il doublonne en partie avec le 6ème et le 1er, mais le doublonnage des fonctions est une des règles de l’espionnage, et surtout du contre-espionnage.
Le 7ème Bureau se charge des opérations spéciales (surveillances, action directe). Il travaille sur requête des autres bureaux. C’est l’équivalent du Service Actions de la DGSE.
Le 8ème Bureau se charge de la recherche au sens large, en grande partie à partir de sources ouvertes. C’est une cellule de veille.
Le 9ème Bureau est chargé de la contre-infiltration. C’est la police interne du Guoanbu.
Le 10ème Bureau assure la « recherche de l’information scientifique et technique ». En clair, il est spécialisé dans l’espionnage industriel (LA priorité de la Chine depuis quelques décennies).
Le 11ème Bureau gère le parc informatique, le déploie et le sécurise (une fonction évidemment de plus en plus cruciale). Il est aussi chargé du travail de recoupement des sources informatiques. Fait peu connu, il doit son organisation générale et ses techniques dans ce domaine à une coopération avec la République Fédérale d’Allemagne (qui, dans le cadre d’un accord, transmit au 11ème Bureau des services chinois le savoir-faire acquis lors de la traque des membres de la Rote Armee Fraktion, d’inspiration maoïste – l’histoire est parfois franchement ironique).
Enfin, un « Bureau des affaires étrangères » est chargé des relations avec les autres services de renseignements équivalents, dans les pays étrangers (alliés ou ennemis). Une des forces des services chinois est leur grande aptitude à construire des partenariats fluides.
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Cette organisation est, comme le démontre Roger Faligot, l’épine dorsale du pouvoir chinois contemporain.
1989 : Tian Anmen. Tout le monde se souvient des images de l’écrasement de la « commune étudiante » par les chars. Ce qu’on sait moins, parce qu’il n’y eut pas d’images, c’est que des unités de l’Armée Populaire se sont, à ce moment-là, combattues mutuellement. Certains régiments pékinois refusèrent de laisser les troupes amenées de province écraser les étudiants. Et ce sont en partie les services secrets, par leur action déterminée et précise, qui permirent la mise au pas des troupes récalcitrantes. On sait moins, également, que la Sécurité d’Etat avait repéré des agents de la CIA conduisant, auprès des étudiants pékinois, des opérations de « renseignement agressif » (en clair : des manipulations). Et on se doute que ce repérage n’a pas été pour rien dans l’écrasement final du mouvement (depuis cette date, les services chinois, instruits par l’expérience, étudient sans relâche les opérations de déstabilisation commanditées par leurs adversaires ; on sait par exemple qu’ils ont collecté une masse d’information considérable sur la « révolution orange » ukrainienne, et remonté la piste de ses bailleurs de fonds).
Revenons à Tien Anmen. En somme, Deng avait fait le bon pari : qui tient le Guoanbu, tient la Chine. Deng en tirera aussi toutes les conclusions à l’heure de s’en aller : c’est un des maîtres des services secrets qui, au moment décisif de 1989, juste avant de faire « ce qu’il fallait », lui signala Jiang Zemin comme un « homme sûr ». En quittant le pouvoir, Deng fera donc de Jiang son successeur – un homme en réalité choisi par les services secrets, et qui pourrait compter sur leur loyauté. Pour assurer l’intérim, pendant quelques temps, entre Deng et Jiang, le PCC aura un secrétaire général « de transition ». Son nom ? Qiao Shi. Son ancienne fonction ? Chef des services spéciaux.
La stabilité de l’Empire chinois ? Voilà à quoi elle tient.
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Sous Jiang Zemin, l’organisation du Guonbu n’est pas fondamentalement modifiée, même si l’organigramme se détaille (passage à 18 bureaux). Surtout, les services chinois se technicisent, se développent et se tournent massivement vers l’espionnage industriel. Des sections de recherche spécialisées par zone géographique sont constituées. Le Guonbu de Jiang Zemin modifie ainsi progressivement son orientation : le contre-espionnage reste fort, mais l’espionnage devient plus fort que lui. C’est, désormais, un service mondialisé et technicisé, à l’image de la CIA. Le modèle KGB s’éloigne.
Instruit par l’expérience de Deng, Jiang veille tout particulièrement à conserver la mainmise sur les services secrets. Qiao Shi est progressivement marginalisé : le Guonbu peut faire l’Empereur, mais il ne peut pas être l'Empereur. En interne, Jiang utilise les « services » pour accroître la répression contre toute dissidence, au fur et à mesure qu’il promeut par ailleurs une ouverture (très contrôlée) en vue d’accélérer le développement économique.
Le niveau d’information acquis par la Sécurité d’Etat chinoise est, à partir de la fin des années Jiang, comparable à celui des autres grandes centrales de renseignement. Quand l’ambassade de Chine à Belgrade est bombardée, Clinton finit (après moult difficultés) par avoir Jiang au téléphone. Celui-ci lui confirme qu’il ne croit pas le président US responsable, et pense que « des gens », au sein de la CIA ou du Pentagone, ont délibérément provoqué le bombardement pour tenter de bloquer le développement des relations USA-Chine.
Simple hypothèse gratuite ? En interne, il semble bien que le Guonbu ait indiqué à Jiang de quoi il retournait : on relèvera à ce propos que l’aile de l’ambassade pulvérisée est celle où se trouvait le bureau d’un attaché militaire chinois auprès de l’armée serbe. Un attaché militaire qui travaillait efficacement pour aider le régime Milosevic, allant jusqu’à autoriser les Serbes à utiliser le matériel de l’ambassade de Chine pour leurs propres transmissions militaires. Il est vrai qu’il est aussi possible que le Guonbu ait fabriqué son dossier, afin de justifier un accroissement de ses propres moyens....
En tout cas, nous vivons une époque où les dirigeants des deux plus grandes puissances du monde en sont réduits à compter sur leur homologue pour être renseignés sur leur propre agence de renseignement.
Sous Jiang, puis sous Hu Jintao, le Guonbu développe énormément ses capacités en matière d’espionnage industriel et technologique. Pour les seuls USA et Canada, le FBI estime que Pékin possède un réseau de 2.000 fonctionnaires, officiels et journalistes, chargés de recueillir du renseignement en zone blanche (information ouverte) ou grise (information confidentielle récupérable par des voies légales). Sur les milliers d’étudiants chinois présents sur le sol US (souvent des « princes rouges », c'est-à-dire des enfants de cadre du Parti), une proportion non négligeable est chargée de recueillir des informations (en particulier dans les laboratoires de recherche où ils sont amenés à faire des stages). En France, l’affaire Huang Lili (étudiante probablement chargée d’espionner industriellement Valeo) a donné une bonne illustration de ce phénomène.
A cela s’ajoutent les « poissons des profondeurs » (terminologie chinoise), c'est-à-dire les agents clandestins chargés d’opérations spéciales (pénétration clandestine dans des lieux sécurisés, piratage informatique, etc.). Pékin possède dans ce domaine un réseau d’espionnage de premier ordre. Probablement, seuls le FSB et le MOSSAD ont de tels moyens d’infiltration. En comparaison, la DGSE et le BND font piètre figure.
Cela dit, l’arme principale en matière d’espionnage technologique reste le système des joint-ventures. Le Guonbu est passé maître dans l’art de « mettre la pression » à des cadres étrangers, pour qu’ils transfèrent des technologies dans un cadre illégal, à la faveur de transferts légaux. Le dispositif s’accompagne souvent d’offres de financement parallèle (une technique employée aussi dans un cadre plus politique, avec le financement discret de politiciens, aux USA en particulier). La Chine ne possède pas seulement une Diaspora immense, des Zones Economiques Spéciales qui fonctionnent comme des filtres à technologie : elle peut aussi compter sur des ressources financières gigantesques. Là encore, on peut remarquer que son influence aux USA vient curieusement percuter celle des réseaux pro-Israël, jusque sur leur terrain de prédilection.
Enfin, l’Internet est progressivement devenu un des principaux terrains d’action des services chinois. Ils ont participé à l’élaboration de la Grande Muraille qui protège l’Internet chinois, surveillent les utilisateurs (le Guonbu laisse des sites dissidents accessibles… pour repérer ceux qui s’y connectent) et filtrent les informations qui peuvent venir de l’étranger. Les services chinois semblent aussi coordonner, en partie du moins, les attaques conduites par les hackers chinois (parmi les meilleurs du monde), attaques qui visent en priorité des sites gouvernementaux et les ordinateurs personnels de fonctionnaires ou cadres étrangers. Les services chinois se sont par ailleurs saisis de la technologie Internet pour sécuriser leurs communications : se sachant écoutés par le réseau anglo-saxon Echelon (station australienne d’Alice Spring), ils ont développés leurs propres autoroutes de l’information, par fibre optique, souvent dédiées à l’utilisation militaire.
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Et la France ?
Ma foi, dans la ville-école du Guonbu, où les services secrets chinois avaient copié, quartier par quartier, les villes des pays-cibles, afin que les futurs espions s’habituent au mode de vie du pays où ils devraient évoluer, il y avait un quartier français (aujourd’hui, on peut supposer que les méthodes se sont modernisées…).
La France est, d’après Roger Falligot, un des « cœurs de cible » du Guonbu. Elle est facile à pénétrer (société très ouverte, élites très corrompues, attirance culturelle mutuelle entre deux civilisations universalistes, anti-américanisme prononcé, existence d’un fort courant maoïste souvent reconverti mais toujours accessible, richesse d’un monde associatif peu contrôlé, et surtout, bien sûr, importante communauté chinoise). Le contre-espionnage français estime que 10 % des 4.000 restaurants chinois de la région parisienne servent de paravent à des activités du Guonbu.
Récemment, les Chinois auraient utilisé leurs puissants réseaux français pour mettre « sous la loupe » un personnage qui ne leur inspire pas grande confiance : Nicolas Sarkozy. La nomination de Bernard Kouchner au Quai d’Orsay n’a pas plu à Pékin (on comprend aisément pourquoi).
Apparemment, si l’on décode bien ce que Roger Faligot sous-entend, les Chinois sont assez vite arrivés à la conclusion que le personnage serait aisé à circonvenir – un contrat Airbus, qu’est-ce que c’est pour la Chine de 2010 ? A peu près l’équivalent d’un contrat sur le gaz naturel avec l’Algérie, pour nous…
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