mardi 14 décembre 2010

Des réponses localistes et identitaires concrètes face au mondialisme

12/12/2010 – 23h45
PARIS (NOVOPress) : « Nous allons être conduits très vite à retrouver les notions de frontières et d’identités sans lesquelles il n’y a pas de libertés qui parlent. Nous allons être conduits très vite à retrouver que, une partie de la richesse des plus démunis, c’est leur identité collective. » Ainsi s’exprimait l’économiste et essayiste Hervé Juvin, auteur du récent Renversement du monde – Politique de la crise (Gallimard, sept. 2010), samedi 4 décembre au Novotel de Sèvres, lors du colloque organisé par des associations alternatives, localistes et identitaires sur le thème « Localisme et Identité, la réponse au mondialisme ».

Pour Philippe Milliau, maître de cérémonie du colloque et membre du bureau exécutif du Bloc identitaire – associé en cette occasion avec l’Académie pour la défense des êtres humains, le Parti des Français progressistes, Lien en pays d’Oc, Ti Breizh, etc. –, « compléter la gamme des savoir faire des Identitaires, connus surtout pour leurs capacités d’agit-prop, avec la tenue d’un colloque de haut niveau intellectuel, était un impératif dans le cadre de leur développement ».


Hervé Juvin
Pour réussir cela, une dizaine d’orateurs avaient été conviés, qui partageaient tous ce constat d’Hervé Juvin : « Derrière la disparition apparente des identités, derrière la disparition apparente de tout ce qui sépare les hommes, nous sommes en fait en train d’assister à un régime de séparation infiniment plus rigoureux que les autres, sauf qu’il est fondé sur une chose et une seule chose, votre utilité économique, et, pour le dire ainsi, votre patrimoine et votre pouvoir d’achat. »

Comme le notait le syndicaliste agricole Richard Roudier : il y avait huit millions d’agriculteurs en 1900, cinq millions en 1954, 600 000 à 700 000 aujourd’hui. « Toutes les semaines, vous avez 400 exploitations agricoles de moins en France. » Inverser la tendance est-il utopique ? Pas du tout, a répondu Philippe Milliau : « Ce qu’il s’agit de faire, c’est tout simplement de faire en sorte que ce soit plus facile, pour la cantine du collège d’à-côté de chez vous, de commander aux paysans du coin que d’aller acheter au Congo ou en Argentine. Et pour que ce soit plus facile, il suffit simplement d’avoir détaxé un certain nombre de produits au nom de leur proximité et de leur qualité, et d’avoir retaxé un certain nombre d’autres produits. »

L’enjeu, bien sûr, n’est pas qu’économique, de même que la crise n’est pas seulement financière. Et ce n’est certainement pas en n’apportant qu’une réponse financière que l’on pourra trouver les solutions du retour à l’harmonie. « Nous le savons, l’économie ne fait pas société, et donc la demande identitaire, comme le retour au politique et à la frontière, sont les éléments centraux de la sortie de la crise mondiale », a précisé Hervé Juvin. Mais comment ?


Isabelle Laraque
D’abord, en prenant bien conscience que « le monde qui vient ne ressemblera pas à celui d’hier ou d’avant-hier » et que « les crispations souverainistes et les cris cosmopolites appartiennent aussi sûrement au passé que les dinosaures », a prophétisé Philippe Milliau, précisant : « Le cycle de la mondialisation organisé depuis 1944 sous domination des USA de termine. Le règne sans limite du libre échange et du sans frontiérisme s’achève. »

Ensuite en s’appuyant sur les « atouts majeurs » de l’Europe que sont, selon les mots de l’historien Philippe Conrad, « l’ancienneté et la force de sa civilisation », ainsi que sa taille qui « permet autonomie et puissance ». Sa capacité de rassembler des nations et régions très dissemblables en vue de projets communs pourrait la placer au cœur de la reconstruction d’un monde qui sera multipolaire.
Enfin par l’instauration d’une « véritable démocratie face à la théocratie des droits de l’homme abstrait », selon le consultant Philippe Perchirin, ce qui passe par « la reconnaissance du référendum d’initiative citoyenne », réclamé par le maraîchier bio Jacques Daudon, et au final par les retrouvailles, comme l’a développé le professeur de philosophie Isabelle Laraque, avec le « modèle historique de la liberté et de la vertu incarné par la Cité grecque ».


Arnaud Gouillon
« Local, national, civilisationnel : le sentiment d’appartenance est bien éternel comme nos mégalithes, nos cathédrales, nos forêts ou les rayons d’un soleil hivernal qui, bien que timide, nous rappelle qu’il est prêt à s’épanouir à nouveau. Un arbre n’aura ni branche ni feuillage sans racine. Le principe vital de l’ancrage est une simple donnée biologique. Comment certains écologistes ont-ils pu l’oublier ? Comment ont-ils pu s’engluer à ce point dans cette idéologie du progrès masquée de bons sentiments, contre-nature et finalement ultra-matérialiste ? », s’est interrogé Arnaud Gouillon, candidat identitaire à l’élection présidentielle de 2012, dont c’était la première apparition publique depuis l’annonce de sa candidature.

« Le localisme, a aussitôt répondu Arnaud Gouillon, doit à l’évidence faire partie du combat écologique. Un territoire donné présente une typicité et des spécificités qui sont autant de richesses. Il abritera et secrétera un certain type de flore ou de faune dont la préservation doit nous mobiliser au même titre que la préservation des cultures, des ethnies, des peuples, des traditions. Le monde n’est pas uniforme, nous le voyons comme une mosaïque d’identités qui méritent toutes notre respect. La beauté du monde est là et certainement pas dans un badigeon gris et rose bonbon d’une coca-culture planétaire. »

A l’approche de Noël, le spécialiste en communication Georges Gourdin a donné une idée toute simple pour se mettre à l’heure localiste et identitaire sans attendre : « Remplacer le cadeau de Noël jetable par le cadeau porteur de sens et de racines. »

[cc] Novopress.info, 2010, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[http://fr.novopress.info]

Gilles Lanneau : "L'affaire Sakineh est sortie tout droit du chapeau occidental

Lundi, 13 Décembre 2010 | Écrit par Maurice Gendre |  
Rencontres - Les intervenants externes

« J'ai écrit ce livre dans l'urgence. Quelques minutes avant l'irréparable. En ce temps où notre monde bascule à toute allure dans un gouffre de non-sens, d'absurdité, où le mal se prend pour le bien et fait porter à celui-ci ses propres tares, j'ose élever une petite voix à contresens. Au tribunal de ce monde aux valeurs inversées, je plaide la cause de l'Axe du Mal, et accuse l'Axe du Bien. »

C'est en ces termes que Gilles Lanneau décrit son ambition et sa volonté de faire triompher la Vérité après la sortie de son ouvrage Iran, le mensonge (Diffusion International Edition).

Ce paysagiste de profession, qui a voyagé en Iran, en Inde et au Pakistan dans le cadre de recherches sur la naissance des grands mythes fondateurs de la culture indo-européenne et sur la survivance dans des régions reculées de traditions s'y rapportant, essaie de briser la propagande mensongère et criminelle qui s'abat sur l'Iran.

Entretien réalisé par Maurice Gendre



Qui fut le vainqueur de l'élection présidentielle en Iran ?

Sans équivoque le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad. J'ai détaillé dans mon ouvrage Iran, le mensonge le déroulement démocratique des élections. Élections supervisées par des "scrutateurs" représentant les quatre candidats; et ensuite la manière dont furent traitées les plaintes déposées par les perdants, des plaintes avant tout destinées à une utilisation par les média étrangers. 

Qui est réellement Mir Hossein Moussavi ? Qui le soutient ?

Le candidat réformateur Mir Hossein Moussavi, ancien premier ministre de la République Islamique d'Iran, a vraisemblablement servi de pion dans la stratégie américano-britannique visant à déstabiliser l'Iran.

J'en profite pour souligner que lesdits réformateurs sont avant tout des partisans du libéralisme économique soutenu par les classes aisées du pays alors que les supposés populistes ou ultra-conservateurs du parti présidentiel prônent et s'efforcent d'appliquer une répartition équitable des revenus du pays.

Que faut-il penser de Rafsandjani ?

Rafsandjani, ancien président de la République et candidat malheureux contre Ahmadinejad à l'avant dernière présidentielle, mais aussi l'un des hommes les plus riches du pays, vieux renard de la politique, pesant de tout son poids en tant que président du Conseil du Discernement sur les affaires du pays, est le moteur réel du mouvement réformateur dont Moussavi n'est que la vitrine « présentable ».

Qui étaient les véritables organisateurs et les soutiens des manifestants ?

Les Etats-Unis bien sûr. Madame Clinton l'a même affirmé publiquement.

L'Angleterre, de façon plus insidieuse mais non moins efficace (je vous renvoie à mon chapitre L'affaire Neda Agha-Soltan). La sale besogne revient aux Moudjahidins du Peuple et autres reliquats malsains de l'après Révolution.

Quels sont les succès économiques et sociaux de Mahmoud Ahmadinejad ?

D'abord, à mon sens, la loi-phare instaurée sous son premier mandat, mal perçue par l'élite cultivée du pays et complètement occultée par les média occidentaux, déclarant chaque citoyen actionnaire de la principale ressource iranienne, le pétrole. D'où la distribution de dividendes chaque année en fonction des bénéfices réalisés.

Viennent ensuite, dans la continuité de ses prédécesseurs : l'autosuffisance nationale en produits alimentaires de base, ce qui n'est pas une mince affaire compte tenu du climat à dominante semi-désertique; un système de sécurité sociale performant, un salaire minimum garanti, et la retraite après 30 ans d'activité professionnelle (25 ans pour les femmes) garantissant 95% du revenu salarial, plus une prime de départ.

Où en est le programme nucléaire iranien?

Le programme nucléaire iranien, civil précisons-le, découle du constat de l'augmentation croissante des besoins énergétiques du pays, due à l'augmentation de la population et à celle du niveau de vie, ainsi que la perspective d'un épuisement des ressources en hydrocarbures estimé à dans dix ans si le rythme de la consommation actuelle se poursuit.

Le nucléaire allié à l'hydroélectrique, à l'éolien et au solaire, fait donc partie des alternatives au « tout hydrocarbure ».

Quant à l'hypothèse du nucléaire militaire, les Iraniens sont parfaitement conscients que l'envoi d'une seule bombe A sur un pays tiers signerait l'anéantissement de leur propre pays.

Que dévoile l'affaire Sakineh ?

Cette affaire Sakineh est sortie tout droit du chapeau occidental au moment même où l'Iran procédait à la mise en service de la centrale nucléaire de Bousher. Une manière d'occulter l'échec des nombreuses tentatives pour faire « capoter » cette réalisation. De retour d'un voyage en Iran, je peux affirmer que l'application de la peine de mort par lapidation en Iran n'est qu'un mensonge supplémentaire à ajouter au dossier volumineux de la désinformation.

La peine capitale (par pendaison), que je désapprouve personnellement, n'est appliquée qu'aux meurtriers sans circonstances atténuantes ainsi qu'aux « gros bonnets » du trafic de la drogue.

Les querelles entre Ahmadinejad, Larijani et le guide suprême Khameney sont-elles aussi fortes qu'on le prétend en Occident ?

Le fait que le pouvoir du pays soit partagé à des degrés divers entre différentes composantes induit forcément quelques tiraillements. Rappelons que la Constitution iranienne a souhaité ces différentes composantes dans le but d'éviter toute tentation autoritariste. Ceci étant dit, la vision politique des trois hommes reste la même sur l'essentiel.

Quelle est l'influence de l'Iran dans les Territoires occupés et au sud-Liban ?

L'Iran aide les Palestiniens et le Hezbollah libanais, c'est indéniable. Une aide financière et matérielle laissant libre les parties de l'utiliser à leur convenance, semble-t-il.

De même que l'Occident vis-à-vis d'Israël ou des régimes africains qui leur conviennent. Mais pourquoi ne parle-t-on pas de même de l'aide similaire que procura l'Iran au commandant Massoud en Afghanistan, ou à l'Arménie chrétienne lors du conflit du Haut-Karabakh.

Quelles sont les factions qui poussent à la guerre ?

Des factions iraniennes ? Aucune à ma connaissance. Seul l'Occident saurait retirer des bénéfices à un conflit qui ne peut - au minimum - que rabaisser une puissance émergente et relancer par la même sa propre machine économique.

Que faut-il craindre pour l'Iran dans les semaines ou les mois qui viennent?

Le pire... ou rien du tout. Les Iraniens dans leur ensemble sont convaincus que ces bruits de bottes ne sont qu'un bluff d'intimidation, et rien de plus, j'ai pu le mesurer lors de mon dernier voyage.

Ont-ils raison? Saddam Hussein a cru la même chose... et s'en est mordu les doigts. Je pense que la plus grande vigilance est de rigueur, ce "pire" pouvant très bien arriver au moment où l'on s'y attend le moins.

L'Iran aura-t-il les moyens en cas d'attaque de riposter et d'infliger de lourdes pertes à ses agresseurs ?

Je n'en sais rien... tout en espérant que l'Iran -si cette malheureuse hypothèse se réalise - nous surprenne agréablement.

Quel est le sort des minorités religieuses en Iran?

J'ai consacré un sous-chapitre à ce sujet. L'Iran, à la suite de la Perse, a une longue tradition de tolérance religieuse.

La première déclaration des droits de l'homme a été dictée au VIème siècle avant notre ère par Cyrus le Grand et aucun tribunal de l'Inquisition n'a jamais sévi dans ce pays. Concrètement, à ce jour, les minorités chrétienne, juive et zoroastrienne sont représentées par cinq députés au Parlement, la liberté de culte est totale, leurs droits civiques sont ceux de tout citoyen du pays et l'éducation peut être reçue aussi bien à l'école publique que dans une école confessionnelle de leur choix.

Propos recueillis par Maurice Gendre