mardi 11 janvier 2011

Faut-il jouer la « décroissance » ? : conférence de Jean-Pierre Petit

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Tout le monde sait que " ça va mal ", que la planète se réchauffe, que les glaces fondent. On sait aussi que si les Chinois vivaient au même rythme que les Occidentaux " il faudrait une deuxième planète ". J'étais en Chine il y a un mois et en Inde il y a deux semaines. En dépit d'une politique de limitation de la natalité, la Chine a quand même triplé sa population en à peine plus d'un demi siècle. Celle de l'Inde s'accroît de dix millions d'âmes chaque année. Un milliard trois cent millions de Chinois ( chiffres "officiels" ), un milliard d'Indiens.

Peut-on parler de décroissance à ces gens-là ? Il me semble que ce concept vaut pour des pays comme les pays occidentaux. Je ne dis pas que faire des économies ne soit pas souhaitable. Mais, à l'échelle de la planète c'est comme tenter de contenir un feu de forêt avec un arrosoir de jardin. Ces milliards d'êtres humains ont des besoins impérieux en énergie, légitimes, urgents. Les nier est simplement absurde et ... dangereux.

Y a-t-il des solutions outsiders, à la hauteur de ces besoins ?

Il y en a de deux ordres.
- Il y a des bonds en avant technologiques, basés par exemple sur les perspectives ouvertes par les résultats obtenus en 2005 sur la Z-machine, que j'avais évoqués l'an dernier à Mérindol, qui peuvent déboucher à terme sur une ... fusion non-polluante et non-radioactive ( la fusion " a-neutronique " Bore Hydrogène ). En 2005, à Sandia ( Nouveau Mexique ) des températures de 3 milliards et demi de degrés ont pu être obtenus ( avec un milliard de degrés commence la fusion Bore Hydrogène, qui ne donne que ... de l'hélium, si on excepte des réactions parasites ).
 
- Beaucoup plus intéressant : il y a des solutions qui se fondent sur des technologies éprouvée, et même carrément rustiques, vis à vis de la science actuelle, qui permettraient de produire de l’énergie électique de manière massive, à condition que des décisions essentiellement politiques soient prises en ce sens.

- On connait depuis des lustres les possibilités offertes par les moteurs Stirling, très adaptés à l’eploitation de différences de température modérées, issues du solaire, ou des différences de température surface – eau profonde dans les bandes côtières ou les lacs. Ces systèmes nécessitent le recours à un gaz caloporteur très conducteur de la chaleur, essentiellement l’hydrogène. Or celui-ci est difficile à contenir, du fait de la petitesse de ses molécules. Les Américains ( Labo Sandia ) on fait d’énormes progrès en ce sens ( joints ) et projettent de déployer des centrales solaires couplées à des générateurs Stirling au Nouveau Mexique, par … dizaines de milliers. Il faudrait que cette technologie soit largement mise à la disposition de l’ensemble de l’humanité et non soit gérée comme une source de profits, via l’exploitation de brevets. Au Nouveau Mexique l’énergie primaire est de nature solaire, captée par des microirs paraboliques. Impratiquable dans des régions à météo instable. Des centrale Stirling immergées ( sous 20 mètres d’eau celles-ci seraient indifférentes aux pires tempêtes ) permettraient, dans les bandes côtières tropicales d’exploiter la différence de température surface – eau profonde. Idem dans les lacs de montagne. Des centrales Stirling immergées pourraient peupler par exemple … le lac de Genêve. En France, la plupart des gens ignorent même le sens du mot "générateur Stirling".

- Les déserts sont une fantastique source d’énergie solaire. Celle-ci, au plan local, pourrait être utilisée pour désaliniser l’eau de mer, développer des cultures hydroponiques en plein désert ( comme dans l’arrière pays des Emirats ). Les stations à miroirs de Fresnels ( miroirs « plans » ) seraient particulièrement adaptées à la production massive de cette électricité et contribueraient en parallèle à modérer les excès climatiques. On peut aussi stocker cette énergie sous des formes variées, par exemple en produisant de l’hydrogène par électrolyse de l’eau, lequel, en brûlant et en se combinant avec l’oxygène de l’air donnera … de l’eau. Une énergie qui serait exportable. Ces solutions énergétiques ne sont pas que locales. Des pays comme l’Allemagne envisagent d’importer de l’énergie électrique depuis des pays producteurs, comme l’Algérie, via des câbles sous-marins. Cela fait longtemps que la France exporte son excès d’énergie électrique vers l’Angleterre en utilisant des conducteurs fonctionnant sous 900.000 volts.

- Les tours solaires ont été restées avec succès. Des projets « vraie grandeur » ( mille mètres de hauteur ) sont en cours en Australie, qui réalise, elle aussi, que ses déserts représentent une énorme source d’énergie. Dotée d’entretoises en forme d’aubes ces tours peuvent fonctionner aussi comme des canons à air chaud, expédiant cet air à plusieurs milliers de mètres d’altitude, sous forme d’un dard tournant, et fonctionnant, vis à vis des tornades comme l’équivalent de paratonnerres.

- Si les humains exploitaient 1 % de l’énergie éolienne disponible ils couvriraient largement leurs besoins, sans créer de perturbations climatiques ou écologiques. Là, il faut se tourner du côté des « hélicodynes », sortes de « cerf-volants » constitués par quatre rotor produisant du courant en haute tension ( pour informatio les lignes HT françaises fonctionnent sous 400.000 volts et font 2,5 cm de diamètre ), acheminé au sol par des câbles assez modestes ( 500 kilos à une tonne au kilomètre ).
Ces engins pourraient être positionnés à des altitudes se suituant entre cinq et dix mille mètres. Les études montrent qu’alors que la « disponibilité » des éoliennes implantées au sol est de 20 %, en altitude ce chiffre monte à 80 % . A dix mille mètres règnent les jet streams. L’énergie éolienne est alors 20 fois plus dense qu’au sol. De plus la fixation de ces hélicodynes, engins relativement rustiques, à l’aide d’un câble les rend … insensibles au rafales. Des centrales de 30 MW, qui pourraient être produites en très grandes séries auraient l’envergure et le poids d’un simple avion de ligne. On pourrait en déployer des dizaines de milliers au dessus du Sinkiang, en Chine, de la Mongolie, en plein océan….

- Ne parlons pas de l’énergie des vagues, etc..
En fait nous nageons dans des océans d’énergies non polluantes et renouvelables, dont le développement intensif aurait des conséquences … géopolitiques en modifiant des situations de dépendance énergétiques.
On ne pense plus  » décroissance « . C’est une autre vision des choses. Dommage que Nicolas Hulot ( et son entourage de scientifiques, composé exclusivement de gens « soucieux d’environnement » ) ne soit pas plus sensibilisé à ces solutions qui n’ont rien à voir avec de la science-fiction.

(http://www.jp-petit.org/)

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