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samedi 2 avril 2011

Le Petit Mondialisme Illustré

mercredi 16 février 2011

Alain Cotta : " Nulle part aujourd’hui il n'existe de démocratie directe, pas plus que représentative."

Rencontres - Les intervenants externes

leregnedesoligarchiesAlain Cotta, grand pourfendeur de l'euro devant l'Eternel, sort un nouvel ouvrage Le règne des oligarchies (éditions Plon).

Il accorde un bref entretien à Scripto sur ce sujet fondamental.

Entretien réalisé par Maurice Gendre

1- Pouvez-vous nommer les principales oligarchies qui dominent le monde ?

L’oligarchie des USA, celle de la Chine et, en 3ème rang le Royaume Uni.

2- Où ces oligarques se réunissent-ils, où vivent-ils ? Où sont situés les épicentres de leur pouvoir ?

L’oligarchie est un groupe d’individus dont les lieux de réunion varient en fonction de leur situation économique et sociale ainsi que les circonstances auxquelles ils doivent faire face. Comme il s’agit d’un ensemble d’individus tenant de la meute de loups ou du nuage d’étourneaux il ne possède pas de chef attitré pas plus que d’épicentre fixe.

3- Des ponts existent-ils entre ces différentes oligarchies, comment cela se traduit-il ?

Entre ces différentes oligarchies il existe plusieurs ponts, d’abord ceux qui concernent les membres ayant même profession. Les militaires de toutes nations communiquent ensemble à travers leurs exercices de stimulation guerrière et leurs écoles de formation. Les dirigeants des grandes entreprises se rencontrent de façon officielle et officieuse ce qui constitue la vie organisée des oligopoles mondiaux des grands produits et des matières premières. Les politiques se rencontrent lors des réunions, elles aussi, officielles G6, 8, G20 et plus secrètes. Quant aux super riches, ils ont leurs lieux de rencontre bien connus, Davos, Saint Barth et autres lieux de villégiature agréables. Entre ces quatre ponts plusieurs passerelles, de l’appartenance à ces réseaux organisés (Opus Dei, franc-maçonnerie, services secrets).

4- En parallèle, des tensions et des dissensions semblent de plus en plus se faire jour entre elles, quelles formes et quelles tournures peuvent prendre ces désaccords ?

Les tensions et dissensions sont intimement liées à l’affrontement des pouvoirs nationaux qui eux-mêmes constituent désormais la vie d’une espèce humaine mondialisée. Des accords et désaccords traversent la géo-politique purement nationale. Toutes les grandes entreprises quelque soit leur appartenance nationale ont en commun leur volonté d’accroître leur réactivité et leur pouvoir ; les politiques d’affirmer l’autorité des nations qu’ils représentent, et les super riches de vivre le plus tranquillement possible. A tout cela il faut ajouter l’importance que représente pour de nombreuses personnes leur appartenance à des religions qui ne sont pas toujours tentées par l’œcuménisme.

5- Y a-t-il un voire plusieurs points communs fondamentaux entre ces différentes oligarchies, à tel point que l'on puisse dire que ces oligarchies forment l'Oligarchie ?

Les différents points d’accords entre certaines oligarchies nationales et les éléments communs à chacune d’entre elles (dirigeants d’entreprise, politiques…) ne sont pas tels que l’ont puisse parler d’oligarchie mondiale. Ce qui n’empêche point de pouvoir imaginer qu’elle existera un jour et de s’interroger aujourd’hui sur les modalités de sa formation et peut-être même de considérer que cette naissance constitue la raison d’être de la mondialisation.

6- Sur quelles armes s'appuient ces oligarchies pour asseoir leur domination sur le monde ?

Essentiellement sur l’arme économique et militaire, qui avec l’argent et le sexe constitue l’une des trois forces structurantes de l’espèce humaine.

7- Comment ces oligarchies se protègent-elles de la vindicte des peuples ?

Elles disposent de plusieurs moyens de protection : la réussite économique, la corruption et les moyens de détourner de l’attention des masses, désormais très efficaces : Internet, Twitter, facebook et plus généralement tous les médias de communication. Ajoutons que la complexité croissante des problèmes posés aux différentes collectivités nationales écarte naturellement la participation d’un très grand nombre d’individus à cause soit de leur incompétence, soit de leur indifférence à l’égard de solution qui ont peu d’influence sur leur vie quotidienne.

8- Tout processus de changement, en apparence assuré par le peuple et d'inspiration démocratique, est-il condamné à n'être en réalité que le cache-sexe des intérêts d'une faction de l'Oligarchie contre une autre faction de cette même Oligarchie à un moment donné de l'Histoire ? Pour dire les choses plus brutalement : un soulèvement populaire a-t-il la possibilité de ne pas être téléguidé par des puissances extérieures et/ou supérieures ?

Les processus de changements d’inspiration démocratiques  ne peuvent aujourd’hui dissimuler leur rôle effectif. Nulle part aujourd’hui il n'existe de démocratie directe, pas plus que représentative. Partout où le pouvoir est exercé par des oligarchies qui ne sont pas représentatives, mais qui reçoivent en fait une délégation de pouvoir. L’évolution de toutes les techniques et la mondialisation de l’espace installent désormais les oligarchies comme le pouvoir dirigeant de toutes les organisations humaines : nation, famille, entreprise et religion.

L’inspiration démocratique a deux fondements. Le premier purement psychologique s’explique en ce que tout individu préfère croire qu’il est en démocratie plutôt que d’être lucide (« blessure la plus rapprochée du soleil » selon René Char) sur sa dépendance à l’égard d’une oligarchie. La seconde, plus sérieuse, consiste à invoquer la démocratie pour se prémunir des oligarchies attirées par un pouvoir personnel, proche des dictatures de fait, ainsi que le montre les mouvements actuels dans les pays arabes. En cette occurrence il s’agira, à notre avis, beaucoup plus d’un changement d’oligarchie que d’un quelconque établissement de la démocratie.

9- Quelles sont les plus graves menaces que ces oligarchies font peser sur le monde ? Comment s'en prémunir ?

L’oligarchie est devenu le mode naturel et général de l’exercice du pouvoir. Elle ne constitue pas d’autres menaces que celles tenant à l’usage exorbitant de son pouvoir.

Propos recueillis par Maurice Gendre

lundi 27 décembre 2010

Le travail rend libre!


Samedi, 21 Mars 2009 | Écrit par Carceller |  
Billets d'auteur - Politique

Nous sommes prisonniers. Pourquoi une telle affirmation, si définitive, si ferme, si cruelle ? Parce qu’elle part d'un constat lui-même définitif, ferme et cruel. En tout cas pour qui daigne constater la réalité des chaînes qui l’entravent.

Pour que le prisonnier prenne conscience de son état, je vous propose d'explorer sa cellule, son camp, son gardien et, last but not least, le bénéficiaire de son travail forcé.

Nous vivons dans un camp sans murs ni barbelés. N'importe quel lecteur m'objectera que nous sommes dans une société libre, que dis-je, dans LE monde libre, rien que ça.

Un monde libre qui, naissepa, se bat continuellement contre l'intolérance et les discriminations – sauf celles qu'induisent mécaniquement l'argent, naissepa encore. Un monde libre qui possède une histoire officielle et légale, comme dans l’ex-Urss. Une monde libre tellement libre que le pouvoir y garantit la liberté d'expression et de pensée, mais sévèrement encadrée par des lois dites « antiracistes », naissepanaissepa. Un monde où l'homme est libre de fermer sa gueule, un monde où la famille est obligatoirement libre de mettre ses enfants à l'école dés l'âge de 2 ans, certainement pour y recevoir une éducation « citoyenne », naissepa, tout comme il existait une éducation « socialiste » chez qui vous savez, un monde où vous avez d’autant plus la liberté de voter NON à un référendum que de toute façon le OUI passera tout de même, un monde où le débat, démocratique donc libre naissepa, concernant l'entrée dans l'Otan, se déroule après la mesure effective, un monde où l'on affirme que la solidarité nationale déborde des frontières qui ne doivent plus exister, qui n’existent d’ailleurs déjà presque plus au fond, un monde libre où le métissage comme projet constitue une donne politique et obligatoire, puisqu’il est beau d’être libre de se métisser obligatoirement, naissepa ! toujours. Un monde libre où la liberté de circuler est entière, à condition de ne jamais foutre les pieds dans une des centaines de zones de « non-droits » qui léopardisent peu à peu les territoires jadis continus et ordonnés. Un monde où la femme aussi est libre, surtout d'être payée 1.000 euros par mois pour être caissière, conquête du féminisme

Il paraît que ce monde est menacé par on ne sait quels méchants, sans doute des ignorants qui n’ont pas remarqué que le monde libre était libre. Des méchants venus de l'extérieur parfois, plus souvent de l'intérieur. Eh bien, quitte à me retrouver dans le camp des bad guys, j’enfonce le clou : la vérité est que nous sommes dans un camp. Le monde libre est un immense camp de concentration.

Le travailleur, ce type qui est, depuis au moins 83, accusé de fascisme, de pétainisme, de « racisme », est le prisonnier de ce camp concentrationnaire sans barbelés. Un prisonnier possède inévitablement un gardien, bien sûr, et quoi de mieux que de recruter les gardiens parmi les prisonniers, en leur octroyant quelques privilèges ou impunités ? Parmi la populace, il se trouvera toujours des kapos.

Qui pourrait rentrer dans le costume du kapo aujourd'hui ?

Allons, cherchons un peu.

Des mecs à qui l'on trouve toutes les excuses possibles et inimaginables dans les médias dominants par exemple ? Des mecs qui sont l'objet d'une véritable industrie sociologique d'Etat ?

Bingo. Le kapo, c’est le sous-prolétariat immigré.

Ce que le prolétaire, le vrai, appelle « la racaille », et qui n'a pour fonction que de jouer les auxiliaires des vrais bénéficiaires de ce système concentrationnaire. Oppression soft et festive, en général, mais bien réelle. Oppression d’ailleurs de moins en moins soft et de moins en moins festive, surtout pour les populations directement confrontées au phénomène.

Les vrais bénéficiaires, pendant ce temps, trustent les postes-clefs à l'état-major systémique, celui qui organise le camp-monde. Ils donnent son rôle à chacun, allouent les ressources aux sous-prolétariats, garantissent son impunité tout en ne pardonnant rien aux travailleurs. Ça ne vous rappelle rien ? Bah oui. Parcourez les récits des survivants des systèmes concentrationnaires du XX° siècle. Toujours le vrai patron paraît vachement plus sympa que la racaille, que le kapo. Primo Lévy, dans « Si c’est un homme », raconte son séjour forcé à Auschwitz. Force est de constater qu’il rencontre finalement peu les SS. Pour l’essentiel, son problème, c’est le kapo, c'est-à-dire un autre déporté. Soljenitsyne raconte, dans la première partie de l’« Archipel du Goulag », comment l’administration des camps soviétiques, dans une politique très consciente, utilisait les « droits communs » pour rendre la vie dure aux déportés politiques. Rencontrer un officier SS doté d’un vrai pouvoir décisionnel ? Jamais cela n’arriva à Primo Lévy. Rencontrer un officier du NKVD pourvu d’un pouvoir réel ? Fort rare dans la vie du zek ordinaire, si l’on en croit Soljenitsyne.

Et nous alors, les rencontrons-nous, les membres de l'état-major, ceux qui tirent une rente de notre situation ? Politiques, bureaucrates-fonctionnaires de haut rang, industriels des multinationales, artistes grassement sponsorisés, financiers pourris ou délirants, associatifs professionnels subventionnés, travailleurs sociaux grand luxe tendance sociologues d’Etat, à la rigueur aussi les classes moyennes supérieures, qui s'achètent une bonne conscience avec la sécurité des autres. Les rencontrons-nous ? Jamais. Et plus ils sont haut placés, plus leurs responsabilités sont réelles dans notre malheur, moins nous les rencontrons.

Ce camp-marchand possède donc 3 catégories :

1) l'état-major, que nous venons de voir. C’est la classe sociale qui paraît la plus propre sur elle, la plus innocente, et pourtant elle organise notre malheur pour en tirer bénéfice.

2) le sous-prolétariat, la racaille, vivant d'une rente criminelle ou, parfois, de situation sociale, via l'impôt collecté sur le travail du laborieux – une rente criminelle qui reste impunie par l'état-major, une rente sociale qu’il finance allègrement avec nos ressources. Ce sous-prolétariat bénéficie d'une impunité accordée par l'état-major, il peut voler, violer, agresser, vendre de la drogue, se comporter comme un animal à l'école, poignarder, tuer, tout cela lui sera pardonné, il sera même encouragé par l'état-major.

3) Le travailleur, celui qui se fait déposséder du fruit de son travail, soit par l'actionnariat, soit par l'imposition confiscatoire, quand ce n'est pas directement par le kapo-sous-prolétaire. C'est le vrai perdant de camp, celui que l'on peut impunément écraser et humilier, le vrai dominé c’est lui. C'est lui qu'on accuse de tous les maux quand il réclame une amélioration de son environnement. L'inversion des valeurs et des accusations est totale avec le kapo, et cette inversion est la clef de notre oppression.

Quelle stratégie pour libérer le prisonnier-travailleur ?

Commençons par dire qu’il n’y a rien à attendre du prisonnier lui-même, il ne comprend rien, le pauvre.

Ce prisonnier voit rarement l'état-major, peut-être à la télévision, mais c'est tout. Et quand le prisonnier pense aux membres de l'état-major, ils paraissent tellement plus sympathiques que le kapo… C’est pourquoi le prisonnier se laisse berner, il fait confiance au membre de l’état-major, régulièrement, lors de la mascarade « démocratique » par exemple.

Le travailleur croit que son premier problème, du moins celui qu'il vit le plus directement, est le kapo issu du sous prolétariat. Ce qui n'est d'ailleurs par totalement faux si par « premier », on entend « qui vient en premier dans l’ordre de l’expérience ». C’est pourquoi le travailleur prisonnier croit qu'il suffit « d'un coup de karcher » pour que son environnement s'améliore. Comme si l'état-major allait soudain se priver de son allié de revers, pour libérer enfin le prisonnier-travailleur.

Alors que faire ?

Il faut agir contre l’état-major, jusqu’au point où celui-ci sera obligé d’agir directement. C'est-à-dire qu’il faut obliger les SS à faire une descente dans le camp, il faut harceler l’adversaire jusqu’à ce que les kapos ne puissent plus faire tout seuls le sale boulot. Nous devons obliger le système à dévoiler sa nature, nous devons obliger l’état-major à matérialiser les barbelés. Cela ne nous libèrera pas, évidemment. Mais cela permettra aux prisonniers, aux millions de travailleurs-prisonniers, de développer la conscience politique nécessaire pour que, le jour venu, lorsque loin de nous, sur d’autres champs de bataille, l’état-major aura été défait, ces prisonniers trouvent la force et la capacité d’organisation de se révolter enfin, de la manière qu’il faut.

Que le travailleur prenne conscience qu'une racaille-kapo n'est que le produit de cet état-major qui mène la danse ! Que le travailleur commence donc à réclamer des comptes à qui peut en rendre ! Il est inutile de s’attaquer à la racaille tête baissée. L'auto-défense est légitime, évidemment. Mais il est naïf de croire qu’on pourra passer le karcher tant que l'état-major n’aura pas été défait et mis à terre.

Il faut attaquer, harceler, impitoyablement, infatigablement, l’état-major lorsqu’il passe à notre portée. Pas pour le détruire directement, nous en sommes incapables. Mais pour l’obliger à réagir, pour l’amener à se dévoiler, pour que le travailleur-prisonnier développe la conscience politique dont nous aurons besoin, le jour venu. Alors, si ce travail préparatoire est effectué, une fois que l’état-major aura trébuché sur un accident de l'histoire, le kapo ne représentera qu'un fétu de paille, qu'il suffira de balayer pour s'en débarrasser.

C’est la seule chose à faire. La différence notable d'avec les camps précédents, c’est qu'il n'est pas possible de s'évader, le camp recouvrant l'ensemble du monde. Les barbelés sont mentaux même si les kapos restent physique et le travail toujours aussi harassant.

Tant que l'état-major restera en place, le kapo sera là. Le travailleur doit en prendre conscience et réclamer des comptes à chaque élu, chaque bureaucrate, chaque artiste, chaque sociologue, chaque industriel qui défend corps et âme le kapo-sous-prolétariat.

Bien sûr, le processus démocratique tendance médiacratie n'est pas efficace dans ce genre de situation. On ne vote pas, dans le camp, pour la libération ou pour l'enfermement, mais pour la couleur des murs. La liberté sera conquise par le conflit direct, comme toujours. Sur ce point, nous avons une chance. Les conflits qui viennent seront métalocaux, il n’y aura nulle part de fronts continus. Les occasions d’aller demander des comptes ne manqueront pas, et la distance entre l’état-major et les prisonniers sera beaucoup plus faible que celle qui séparait la place d’arme d’Auschwitz de la Porte de Brandebourg. Le travailleur peut demander des comptes directement. On appellera cela « la démocratie directe », celle qui ne passe pas par les urnes. Utilisons l’expression sans vergogne, banalisons-la.

Un slogan résume ma pensée : « l'état-major en premier, le kapo en second ».

Tant qu'on en restera à la vision inverse, dans nos milieux, nous serons prisonniers, et nous n’irons nulle part.

lundi 6 décembre 2010

La marche irrésistible du nouvel ordre mondial


Pierre Hillard "Dr en science po et ecrivain"
envoyé par chokproduction. - L'info internationale vidéo.

 Une intervention éclairante de Pierre Hillard sur le nouvel ordre mondial, ses origines, ses zélateurs, ainsi que ses moyens d'actions et les stratégies mises en oeuvre pour sa réalisation. En France, Pierre Hillard est l'un des tous meilleurs chercheurs sur la question du mondialisme et de la gouvernance mondiale. Sa position d'universitaire le conduit naturellement à fonder ses analyses sur de multiples références et des preuves absolument incontestables, ce qui donne à son travail un poids considérable.
  Pierre Hillard a le mérite de mettre au jour les réseaux européens des oligarques ainsi que les liens qu'ils ont tissés avec des think tanks et entreprises anglo-saxons. On lui doit ainsi d'avoir étudié en détail le rôle de la fondation Bertelsmann, aussi inconnue du grand public que le club du Siècle.

 Fondamental également, l'exposé sur la promotion massive des régions par l'Union Européenne. Loin de vouloir assurer la pérennité des cultures locales, la Commission européenne cherche en réalité à écraser les nations entre les régions et la structure européenne pour supprimer toute résistance à l'édification du nouvel ordre mondial, auquel les nations et les civilisations qui les portent sont les derniers obstacles.

Le président des riches (M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot)

Lundi, 06 Décembre 2010 | Écrit par Scriptomaniak |  
Notes sur oeuvres - Sociologie

Spécialiste de la haute bourgeoisie, Michel Pinçon, aidé par sa femme, Monique Pinçon-Charlot, a rédigé une « enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy ».

Il est difficile de résumer cet ouvrage, collection d’anecdotes révélatrices. Forcément, la note de lecture ci-dessous ne peut que transcrire les très grandes lignes, exprimer la sensation générale du lecteur. Mais ne serait-ce que pour donner envie de lire ce livre, cela vaut la peine de le commenter.

C’est un sujet d’actualité, ô combien. Non que Nicolas Sarkozy en lui-même soit important. Mais parce qu’il représente quelque chose, sa présence à l’Elysée signifie quelque chose : elle veut dire que les « élites » de notre pays sont devenues les ennemies de leur propre peuple.

Nous sommes passés de la lutte des classes à la guerre des classes. La lutte, c’était tant que les classes supérieures avaient besoin des classes inférieures. Maintenant, elles n’en ont plus besoin, et c’est la guerre.  Dans cette guerre, pour l’instant, ce sont les riches, les très riches, qui gagnent.

Voilà le décor planté, le personnage principal peut apparaître…




*


Nicolas Sarkozy (NS), c’est d’abord un réseau d’amis : Dominique Desseigne (Groupe Lucien Barrière), Vincent Bolloré (Havas, Groupe Bolloré), Martin Bouygues (Groupe Bouygues), Bernard Arnault (LVMH), Serge Dassault (Groupe Industriel Dassault, Le Figaro), Jean-Claude Decaux (Groupe Decaux, mobilier urbain), le Canadien Paul Desmarais et le Belge Albert Frère (Groupe Bruxelles Lambert), Agnès Cromback (branche française de Tiffany), Mathilde Agostinelli (Prada), Antoine Bernheim (Banque Lazard). Ce sont ces gens-là qui ont convergé vers le Fouquet’s le 7 mai 2007 au soir. Plus discrètes, les grandes familles, Rothschild, Wendel, n’avaient pas fait le déplacement : mais elles comptent aussi parmi les « bons amis » de NS.

Quand on connaît ce réseau d’amis, qui ont financé NS et fêté avec lui sa victoire de mai 2007, on ne s’étonne pas de l’avalanche de mesures favorables aux riches, aux très riches, qui a marqué les premiers mois du quinquennat : abaissement du seuil du bouclier fiscal, multiplication des nouvelles niches fiscales, défiscalisation de fait de la majorité des successions, défiscalisation des donations entre parents en enfants. D’une manière générale, c’est une politique favorable aux familles fortunées.

En réalité, une oligarchie a pris le pouvoir en France avec NS. Cette oligarchie n’a pas d’appartenance ethnique, religieuse ou géographique précise, même s’il existe quelques « noyaux » identifiables. Globalement, c’est l’oligarchie des très riches, un réseau de quelques centaines de familles, structuré par des liens informels mais étroits. Les membres de cette oligarchie forment un « milieu ». Ils ont leurs lieux (les conseils d’administration du CAC 40, mais aussi le dîner du Siècle, les loges de l’hippodrome de Longchamp, le Golf de Morfontaine, etc.). Et si cette oligarchie n’a pas d’organisation formelle pour la structurer, c’est qu’elle n’en a pas besoin : elle est structurée par un fonctionnement en vase clos, où les très riches ne fréquentent que les très riches, s’adjoignant de temps à autres quelques comparses utiles, recrutés dans les classes associées à la domination.

Analysons les « lieux » et « sous-milieux » de cette oligarchie. Il y a d’abord bien sûr les points de convergence des très, très riches (Bolloré, Bouygues, etc.). La Villa Montmorency dans le XVI°, le Cap Nègre, etc. Des endroits où le gratin des affaires fréquente le gratin du showbiz, sous l’œil du gratin politique. Avis aux amateurs : si vous voulez harceler l’oligarchie, c’est aux sorties de ses lotissements privés qu’il faut se poster : on y trouvera du beau monde, encore plus beau qu’au dîner du Siècle !

Mais au-delà de ces ghettos de riches, on peut relever…

CAC 40 : 445 administrateurs. 98 d’entre eux, qui siègent pour la plupart à plusieurs conseils, trustent 43 % des droits de vote. Ainsi, Michel Pébereau est président du CA de la BNP, mais il est aussi administrateur chez TOTAL, EADS, AXA, Saint-Gobain et Lafarge. Les quatre plus hauts dirigeants de la BNP siègent en tout dans douze CA du CAC 40. Il suffit en pratique de deux dizaines de personnes pour résumer à peu près toute la réalité du pouvoir économique dans les grandes entreprises françaises. Ces gens se croisent constamment, s’entendent constamment. En pratique, le CAC 40 est syndicat des puissants, pas un indice boursier. L’épine dorsale de ce sous-milieu au sein de l’oligarchie est constituée par les anciens Inspecteurs des Finances.

Haute magistrature : c’est une classe associée à la domination du « milieu », en échange de quoi elle doit garantir un traitement judiciaire favorable au reste du « milieu ». Le procureur Philippe Courroye, imposé par le pouvoir politique au Parquet de Nanterre, contre l’avis du Conseil Supérieur de la Magistrature, est un exemple de cette sous-oligarchie, associée à l’oligarchie dominante. Ce sont ces magistrats qui auront un jour, si la réforme pénale envisagée sur l’abus de bien social est adoptée, le « plaisir » de constater que, la prescription courant du jour du délit, la plupart des abus sont en pratique impossibles à poursuivre, pourvu qu’ils aient été commis par quelqu’un en poste assez longtemps pour se couvrir lui-même, ou pour se faire couvrir par son successeur.

Les conseillers du Prince : c’est une autre classe associée à la domination, selon la formule classique des « producteurs d’idéologie » qui vendent un discours légitimant au pouvoir en place, en échange des miettes du gâteau. Minc, Attali, etc. Moins connu et plus ambigu, le conseiller discret peut aussi, lui, vendre une forme de compétence spécifique, non médiatisée ou peu médiatisée. Exemple : Mathieu Pigasse,  membre du Parti Socialiste et banquier chez Lazard Frères. C’est un technicien, mais il a élargi son domaine d’action aux médias, avec l’achat des Inrockuptibles. Le conseiller du Prince est, dans l’oligarchie sarkozyste, une figure souvent à l’intersection de plusieurs sous-milieux dominants.

L’ensemble de ces réseaux finit par fabriquer une classe sociale au sens marxiste du terme, c'est-à-dire un milieu regroupant des individus et des familles bénéficiaires d’un certain mode de fonctionnement socio-économique (le capitalisme virtualisé), milieu conscient de son positionnement et s’organisant collectivement pour défendre ses intérêts.

Fondamentalement, NS est le fédérateur de cette classe sociale. C’est ce qui explique que ce personnage en lui-même falot, presque médiocre, ait pu devenir Président la République Française : il est tout simplement le mandant d’une classe sociale dominante, prédatrice et très consciente d’elle-même.


*


Au-delà du cas NS, Michel Pinçon nous décrit l’ensemble des réseaux de cette classe oligarchique.

Ce qui frappe en premier lieu, c’est l’existence de passerelles innombrables entre l’UMP de Sarkozy et le PS de Strauss-Kahn. Outre Pigasse, on peut s’intéresser par exemple au cas de Stéphane Richard. Ancien du cabinet de DSK en 1991, il est parachuté à la branche immobilière de Vivendi, qu’il brade (ce qui lui rapportera 35 millions d’euros de stock-options). Deux décennies plus tard, bien qu’il soit sous le coup d’un redressement fiscal, Sarkozy Président fera de lui un conseiller de Christine Lagarde au ministère de l’économie et des finances.

En second lieu, on peut relever que l’opposition public/privé a largement perdu toute substance, étant donné les stratégies de cooptation et d’infiltration de l’oligarchie. Henri Proglio, président du conseil d’administration de Veolia (groupe privé) devient en même temps PDG d’EdF (groupe public). Le Fonds stratégique d’investissement, créé par Sarkozy en 2008 pour orienter les dépenses de relance de l’Etat, est présidé par un monsieur Dehecq, qui se trouve aussi être président du CA de Sanofi-Aventis.

A gauche et à droite, dans le privé et dans le public : l’oligarchie est partout à la fois. Pour verrouiller le pouvoir, elle ne s’appuie pas sur un parti unique : elle est l’épine dorsale de tous les partis.

A lire Michel Pinçon, on éprouve la sensation très nette que cette vaste opération de verrouillage ne renvoie à aucune finalité idéologique (d’où la facilité avec  laquelle l’oligarchie peut singer aussi bien la droite que la gauche). Il n’y a pas vraiment de ligne directrice au sarkozysme, sauf une : maximiser les gains financiers de l’oligarchie elle-même. L’étude du dépeçage de l’audiovisuel public, par exemple, indique que les enjeux financiers (pour TF1, donc pour le groupe Bouygues) ont largement décidé du tempo de l’opération. Avoir le pouvoir pour faire de l’argent, faire de l’argent pour maximiser son influence, et disposer d’une forte influence pour garder le pouvoir. C’est tout.

La psychologie qui sous-tend cette aridité des motivations n’est compréhensible, nous dit Pinçon, que si on s’intéresse au vécu des enfants du sommet des classes supérieures, dont sont issus presque tous les oligarques sarkozystes. Ils ont grandi dans un univers où les rapports de force étaient pratiquement les seuls rapports possibles, le pouvoir ayant pour propriété de saturer l’espace mental de celui qui le détient. Jusque dans le foyer familial, la présence de la domesticité a induit une compréhension des rapports sociaux enfermée dans les logiques de domination.  Les plus agressifs de ces oligarques, fort logiquement, sont ceux qui viennent du bas de ce groupe supérieur : c’est là que la soif de pouvoir est la plus intense, puisque l’espace mental est saturé par le pouvoir qu’on a, et cette saturation est rendue plus douloureuse du fait que, malheureusement, on n’a pas tout le pouvoir. C’est exactement le milieu d’origine de NS.

Autre caractéristique de NS qui explique qu’il ait pu, malgré son évidente médiocrité, devenir le fédérateur de ce milieu oligarchique : c’est un avocat d’affaires. Or, la maîtrise du droit est devenue un élément-clef du pouvoir des oligarchies. La bourgeoisie de jadis s’enorgueillissait de ses ingénieurs, de ses capitaines d’industrie. Aujourd’hui, l’oligarchie sarkozyste ne s’intéresse pas à la technique (c’est devenu trop difficile, la concurrence des forts en maths de la classe moyenne est trop forte), peu à l’industrie (délocalisations, prime au capital spéculatif sur le capital productif), et la plupart des oligarques sont des « fils de » qui n’ont pas réellement bâti une fortune par leur courage, mais qui en ont hérité. Comme toute oligarchie en réalité déclassée dans l’ordre de l’économie productive réelle, l’oligarchie contemporaine s’est donc barricadée dans la bonne connaissance des mécanismes sociaux, le droit étant, dans ce domaine, la voie royale. Que le « président des riches » soit un avocat d’affaires est un bon indice du caractère défensif profond de l’oligarchie contemporaine, malgré  son évidente rapacité, qui peut donner l’impression de l’esprit offensif. Si cette oligarchie tient tant à verrouiller le pouvoir, ce n’est pas seulement parce qu’elle vit par lui, c’est aussi parce qu’elle redoute de le perdre. Pinçon ne formule pas ainsi le diagnostic, mais c’est la conclusion qu’on tire en le lisant.

Enfin, ce qui caractérise cette oligarchie et qui, sans doute, dénote le plus clairement son caractère profondément décadent, c’est une incroyable déconnexion avec les exigences du simple bon sens, de la décence la plus ordinaire. Pinçon raconte l’arrivée surréaliste de NS à une assemblée des copropriétaires du Cap Nègre. On vient de lui apprendre la mort de dix soldats français en Afghanistan. Mais comme il a pris en main la gestion de la superbe villa de sa belle-famille italienne (nous sommes peu de temps après son mariage avec  Carla), notre Président priorise, et décide qu’avant d’aller en Afghanistan (où il se comportera comme on sait), il doit se rendre à l’assemblée des copropriétaires du Cap Nègre, pour exiger… le raccordement au tout-à-l’égout. Une anecdote révélatrice de l’univers mental où évoluent nos oligarques, y compris leur fédérateur président : un univers où le petit confort des oligarques eux-mêmes est infiniment plus important que la vie et la mort des Français ordinaires.

En conclusion, disons que le tableau du sarkozysme par Michel Pinçon n’est pas sans rappeler celui du Second Empire finissant par Zola, tandis que l’ambiance générale des fêtes de madame Carla évoque vaguement celles de Marie-Antoinette. La France est manifestement parvenue à une de ses fins de cycle, qu’elle connaît régulièrement, où la reproduction des élites impose un fonctionnement oligarchique en vase clos. On sait qu’historiquement, ce genre de décadence a toujours débouché soit sur la révolution (1789, 1830, 1848), soit sur la défaite (1870, 1940), soit sur le mélange des deux (1871).