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vendredi 3 décembre 2010

OGM: vers un nouveau coup de force de la Commission Européenne?

06/11/10 – 18h00
PARIS (NOVOpress) – La Commission Européenne ne cesse de chercher à contourner le rejet des opinions publiques pour tenter d’imposer les OGM en Europe. Elle aurait ainsi l’intention d’ouvrir les portes de l’Europe à l’importation d’aliments modifiés génétiquement (GM) et non-autorisés pour l’alimentation animale et humaine.

C’est l’association « Les Amis de la Terre Europe » qui dénonce ce projet après s’être procurée des documents de la Commission Européenne confirmant cette intention.

L’association y voit là une nouvelle soumission aux pressions des industriels pour affaiblir les règlements sur la sécurité des OGM en Europe.

Une nouvelle proposition sur les OGM devrait être discutée lors d’une réunion des Etats-membres le 15 novembre 2010. Selon l’association environnementaliste, cette proposition saperait la politique de tolérance zéro qui prévalait jusque là puisqu’elle autoriserait la présence de traces de plantes GM non-autorisées dans les importations à destination de l’Europe (avec un seuil de 0,1 %).

En acceptant cette proposition, l’Union européenne ouvrirait dans les faits, ses portes à des plantes génétiquement modifiées qui ont été ni autorisées, ni testées pour leur innocuité dans aucun pays au monde.


[cc] Novopress.info, 2010, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[http://fr.novopress.info]

vendredi 22 octobre 2010

La face obscure de la mammographie

Publié sur le site RolandSimion.org
TOUT CE QUE VOUS AVEZ VOULU SAVOIR SUR LA MAMMOGRAPHIE SANS QUE VOTRE MÉDECIN OSE SE RENSEIGNER...
mardi 12 octobre 2010 par Marc Girard

Comme chaque année à la même époque - et sans considération pour l’épuisement financier progressif de notre assurance maladie - c’est reparti pour la promotion de la mammographie. A entendre les autorités sanitaires - relayées par la presse et, apparemment, par la majorité du corps médical -, la survie de la plupart des "femmes que nous aimons" [1] dépendrait de ce dépistage, qu’il conviendrait d’intensifier encore.

Et, selon une dynamique d’entraînement propre à toutes les grandes causes religieuses, on trouve - par exemple sur Le Post - la revendication des nouveaux convertis qui en réclament toujours plus, cette fois en direction des femmes plus jeunes, présentées en l’espèce comme victimes d’un scandaleux oubli. Un peu comme en 1994-95, quand la fédération des parents FCPE tonnait de tout son prestige laïque pour dénoncer la pingrerie de Douste-Blazy qui avait lamentablement limité aux classes de sixième les bénéfices évidents de la vaccination contre l’hépatite B : ambiance [2]... A quand la mammographie chez les adolescentes ?

Critères intrinsèques de crédibilité
Conformément à la méthodologie que les visiteurs du présent site commencent à connaître, essayons d’identifier quelques critères intrinsèques qui, même dans un débat hypertechnique, donnent au citoyen de base des éléments de fait, facilement vérifiables par tout un chacun et lui permettant de se réapproprier quelques éléments d’appréciation.

Selon Roselyne Bachelot interviewée par Elle (08/10/10), "le cancer du sein est l’un de mes combats de santé publique. Un dépistage précoce améliore le pronostic, facilite la prise en charge et accroît les chances de guérison." Compte tenu de la crédibilité de la Dame relativement à l’évaluation et, plus généralement, du gouvernement auquel elle appartient relativement aux conflits d’intérêts, on peut déjà s’interroger [3].
Sur environ 70 articles consacrés au sujet et obtenus en pianotant rapidement sur Google Actualitésen date du 10/10/2010, j’en trouve un seul évoquant les inconvénients potentiel d’un tel dépistage. Or, il est exceptionnel que sur une question sociétale d’intérêt, les opinions dissidentes ne comptent que pour moins de 2% des voix. Même sur des mystifications aussi grossières que la grippe H1N1, le pourcentage de citoyens tombés dans le piège de la promotion vaccinale tournait autour de 10% : c’est vous dire...
Même si (on se demande bien pourquoi), l’essentiel de la littérature pertinente sur le sujet est en langue anglaise, il suffit à n’importe qui de taper - en français - sur n’importe quel moteur de recherche "mammographie et surdiagnostic" ou "cancer du sein et surdiagnostic" pour apercevoir que les choses sont loin d’aller de soi. Pourquoi la promotion officielle de la mammographie ne donne-t-elle aucun écho à des incertitudes aussi patentes ?
Depuis plus d’un an, les visiteurs du présent site ont été initiés au travail de la fondation Cochrane qui vise à faire l’inventaire des données disponibles sur des traitements ou des stratégies médicales. Il s’avère que sur la question des mammographies, les données disponibles sont tellement peu compatibles avec la promotion des autorités sanitaires que, en une initiative sans équivalent à ma connaissance, les auteurs de la revue correspondante ont tenu à diffuser en plusieurs langues un récapitulatif à l’usage des profanes - dont on trouvera en pièce jointe la version française. Il n’y a pas besoin d’avoir fait la fac de médecine pour voir que les preuves disponibles sont peu compatibles avec le message promotionnel sans nuance de notre ministre de la santé... On y verra notamment les auteurs se poser exactement la question de l’alinéa précédent, à savoir : comment se fait-il qu’il soit si difficile aux femmes visées par les actuelles campagnes d’être à tout le moins informées quand aux réserves pourtant nombreuses qu’on peut entretenir à l’égard de ce dépistage et de ses bénéfices présumés ?
Même s’il faut lire un peu l’anglais pour aller vérifier la source [4], un récent article du Los Angeles Times (04/10/10) permet de repérer Astra Zeneca, l’un des principaux fabricants d’anticancéreux (et actuellement 6e firme pharmaceutique mondiale en chiffre d’affaires), derrière les campagnes de dépistage : mélange des genres intéressant, en vérité...
Un peu d’arithmétique
Destinés à faciliter la représentation du lecteur, les chiffres donnés ci-après sont théoriques, mais permettent de poser clairement le problème de base (il y a d’autres questions plus subtiles, mais il importe d’en hiérarchiser l’importance).

Imaginons que, historiquement (avant toute procédure de mammographie), la moyenne d’âge pour le diagnostic d’un cancer du sein soit de 60 ans et que, toujours en moyenne, la durée de survie après ce diagnostic soit de 8 ans (soit, donc, un décès à l’âge moyen de 68 ans).

A présent, imaginons que, grâce au dépistage, le diagnostic soit avancé de trois ans, et qu’il soit fait en moyenne à l’âge de 57 ans.

Même si ce dépistage ne se traduit par aucun bénéfice en termes de survie (âge de décès toujours à 68 ans), on a mécaniquement augmenté la durée de survie des malades, puisqu’on est passé de 8 ans (68 ans - 60 ans) à 11 ans (68 ans - 57 ans). Un coup dans l’eau ? Pas tout à fait : de 57 à 60 ans, on aura quand même perdu 3 ans de vie normale et il suffit de renvoyer chacun(e) à son expérience de la chose pour comparer trois ans de chirurgie/radiothérapie/chimiothérapie à trois ans de douce inconscience - pour un bénéfice strictement nul en termes d’espérance de vie.
Encore plus fort : imaginons que, par suite notamment des effets indésirables d’une prise en charge médicale "énergique", l’espérance de vie des femmes ainsi dépistées soit raccourcie, et que celles-ci décèdent, par exemple, à l’âge moyen de 66 ans. Les zélateurs du dépistage - ceux là même qui confondent 94 millions de doses vaccinales utiles avec moins de 10 millions utilisées [5] - pourront toujours arguer que l’espérance de vie après diagnostic est passée de 8 à 9 ans (66 ans - 57 ans) : la réalité sera que par rapport à l’époque "historique" pré-mammographie où les femmes atteintes mourraient en moyenne à 68 ans, elles auront à présent une perte objective d’espérance de vie de deux ans... Tout cela, une fois encore, au prix des souffrances connues d’un traitement anticancéreux...
On aura déjà fait un grand pas quand ces chères femmes que nous aimons tous tellement au point de nous faire un devoir de les exhorter au dépistage systématique auront compris cette réalité arithmétique simple...

Questions complémentaires
En médecine, on l’oublie trop souvent, le 100% n’existe pas : de même qu’il n’existe pas de médicament efficace à 100%, il n’existe pas non plus d’examen de dépistage fiable à 100%.

Avec la mammographie, il va donc y avoir des faux négatifs, à savoir des femmes effectivement cancéreuses, non diagnostiquées comme telles et qui, repartant avec la fausse réassurance d’une mammographie "normale", vont tarder à reconsulter quand apparaîtront les signes cette fois cliniques de leur maladie. De telle sorte que, paradoxalement, le dépistage systématique aura, chez elles, contribué à retarder le diagnostic et le traitement, ce qui est d’autant plus regrettable que les tumeurs les plus explosives - celles qui ont le plus de chances d’emporter rapidement une femme - sont précisément celles qui peuvent parfaitement apparaître dans l’intervalle séparant deux mammographies [6].
Plus grave encore, il va y avoir des faux positifs, à savoir des femmes qui vont se retrouver avec un diagnostic de cancer alors qu’elles n’en ont aucun. Dès lors, elles vont se voir embarquées dans une médicalisation qui va pouvoir aller, selon les cas, de la simple biopsie (avec toute l’angoisse inhérente) à la chirurgie et au traitement - avec tous ses effets iatrogènes. Les auteurs de la revue Cochrane susmentionnée estiment que pour une femme dont l’espérance de vie va être prolongée (ils ne disent pas de combien) par une mammographie, deux cents femmes seront victimes d’une fausse alerte et devront passer par des examens complémentaires (biopsie...) inutilement anxiogènes et coûteux, tandis que dix n’auront même pas la chance de voir rectifiée cette erreur de diagnostic et seront donc soumises - sans la moindre justification - aux joies connues d’une chirurgie délabrante, de la radiothérapie et de la chimiothérapie : il suffit de penser aux copines dans la situation pour se représenter le tableau...
De plus et pour indubitablement cancéreuses qu’elles puissent être, nombre de tumeurs mammaires ont un développement extrêmement lent : tellement lent qu’elles seraient restées muettes sur toute la durée de vie des femmes concernées [6] ; certains auteurs n’hésitent pas à soutenir que certaines tumeurs pourraient même spontanément régresser [7]. En d’autres termes, des femmes vont subir le martyr d’une prise en charge anticancéreuse pour des tumeurs dont elles n’auraient jamais entendu parler toute leur vie durant.

D’autre part et quoique je n’aie pas vu d’études consacrées à ce sujet, c’est une remarque que m’ont parfois faite des chirurgiens consciencieux que certaines tumeurs, a priori minuscules et à ce titre supposées ne pas poser de problème thérapeutique, semble "flamber" une fois qu’elles ont été opérées, comme si la chirurgie en avait exacerbé le potentiel d’exacerbation et de diffusion : situation là encore regrettable si les minuscules tumeurs en question étaient de celles qui seraient restées latentes si on n’avait pas été les taquiner à coups de bistouri... Il s’agit, répétons-le, de simples observations individuelles, mais qui pourraient au moins justifier des études afin d’examiner ce risque iatrogène potentiel de la chirurgie.

Enfin, il est utile de rappeler que, outre ses inconvénients patents en termes de faux positifs, la mammographie - comme toute procédure médicale - mériterait de voir mieux évalués ses effets indésirables directs : outre l’inconfort voire la douleur (rapportés par de nombreuses femmes), on peut notamment s’interroger sur les effets cumulés d’irradiations répétées.

Récapitulation
Sous l’influence de ce qu’il faut bien appeler une promotion assez systématiquement mensongère, les femmes - surtout celles que nous aimons... - ont été conduites à penser que la détection par mammographie d’une tumeur maligne allait "sauver leur vie". C’est essentiellement faux.

Chez une personne donnée, même si le cancer est réel, le bénéfice d’une détection mammographique est marginal (par rapport à ce qui se serait passé si le cancer avait été détecté cliniquement), pour ne pas dire infinitésimal : la plus complète des revues disponibles sur le sujet (cf. PJ) estime que seule, une femme sur 2000 testées pendant dix ans échappera à un décès par cancer relativement à celles qui auront été à la pêche plutôt que chez le radiologue. Elle ne dit pas du tout que l’heureuse élue vivra plus longtemps et précise même qu’aucune étude sérieuse ne permet de retenir un bénéfice du dépistage en termes de survie globale : en d’autres termes, l’heureuse élue mourra comme les autres - peut-être même des complications de son traitement anticancéreux [8], ou de la multiplication des mammographies déclenchée par le diagnostic initial de cancer...
Pour une heureuse élue chez 2000 femmes suivies sur 10 ans, il y aura dix fois plus de malheureuses qui seront repérées et traitées à tort comme cancéreuses - et qui, le cas échéant, pourront mourir de leur prise en charge anticancéreuse... Pour le dire autrement : parmi toutes les femmes qui croient et clament que la mammographie "leur a sauvé la vie", la grande majorité n’a aucun cancer mammaire et la mammographie leur a bel et bien gâché la vie...
Relativement à tant de malheur, on considérera comme presque anecdotiques les 200 femmes qui seront juste terrorisées durant quelques semaines à quelques mois ; en attendant qu’on leur confirme qu’elles n’ont rien au sein - après biopsies plus ou moins traumatiques et autres examens complémentaires délicieux (et que, le cas échéant, on multiplie ensuite le rythme des mammographies "compte tenu de l’alerte"...).
A qui ça profite ?
A l’évidence, ça profite déjà au lobby des radiologues - dont on sait qu’il est assez puissant chez nous pour faire de notre pays le champion tous azimuts des échographies obstétricales - avec un bénéfice dont on attend encore la moindre démonstration.
Cela profite aussi au Narcisse contemporain [9], trop heureux de conforter son incapacité de penser l’Etre et le tragique de la vie dans l’illusion qu’on peut "sauver sa vie" sur simple rendez-vous, moyennant une procédure technique remboursée par la collectivité...
Cela profite, faut-il y insister, aux fabricants d’anticancéreux - de façon directe et indirecte.
Directement, comme on l’a vu, en multipliant indûment le nombre de femmes exposées à des traitements longs, multiples et coûteux.
Indirectement, en entretenant - là encore sur les fonds publics (via des campagnes de dépistage excessivement médiatisées, renforcées par des associations de malades manipulées) - un climat général de peur qui érode l’exigence pourtant incontournable du consentement informé pour transformer les citoyens en clients trop dociles d’anticancéreux "innovants" dont la supériorité sur les produits anciens et moins coûteux reste, elle aussi, à démontrer [10].
Cela profite, enfin, aux "responsables" politiques (pardon pour l’oxymore...) et, là encore, de deux façons.
En entretenant les citoyens, moyennant une propagande centrée sur des pathologies affectivement très connotées (le sein, la prostate), dans la douce illusion qu’on s’occupe de leur santé, quand - sans cesse aggravée par l’irresponsabilité des Parlementaires et des administrations sanitaires - la réglementation pharmaceutique accélère la mise sur la marché de médicaments au mieux inutiles et le plus souvent exagérément toxiques.
En détournant l’attention, via l’exhortation à la responsabilité individuelle, des vrais problèmes de santé publique qui, eux, relèvent bien davantage d’une volonté politique que de l’initiative personnelle. Pour ne s’en tenir qu’à cet exemple connexe : pourquoi l’incidence des cancers mammaire n’a-t-elle cessé d’augmenter au cours des décennies ? Qui a les moyens effectifs de gouverner l’exposition des citoyens aux hormones exogènes, aux radiations, et aux innombrables polluants chimiques dont il existe d’excellentes raisons pour penser qu’ils pourraient jouer un rôle dans cette épidémie moderne ?
Conclusion
A ce stade de l’information, il n’est pas utile d’entrer dans un détail plus fin des évaluations ou des controverses : je n’ai jamais soutenu, par exemple, que les évaluations Cochrane étaient irréfutables ou que tous les confrères qui pensent que la mammographie peut être utile étaient nécessairement des brigands.

Mais de même qu’avec les vaccins contre la grippe [11] (et plus encore eu égard aux conséquences iatrogènes potentiellement terribles des campagnes de mammographie), la justification du présent article repose sur un constat clair, déjà fait par d’autres [12] et qu’il est difficile de contester : il y a un contraste effarant entre les preuves d’un bénéfice pour la santé publique - qui sont inexistantes - et la débauche de moyens mis en oeuvre par les autorités sanitaires, le personnel médical ou certaines associations pour convaincre les citoyens du contraire.

[1] "Mobilisez-vous pour les femmes que vous aimez" dit un spot de la campagne.

[2] Les laïcs ont sur les fanatiques cette supériorité qu’ils sont redoutables de bonne foi quand ils sacrifient au fanatisme...

[3] Il est toujours possible s’orienter avec une boussole qui indique toujours le sud : il suffit juste de le savoir...

[4] Je traduis rapidement à destination des francophones obstinés : "If you look into their funding sources, you’ll often find a pharmaceutical company or device maker who stands to benefit from an expansion in the number of people with the condition." Welch calls AstraZeneca’s sponsorship of the awareness month "a huge conflict of interest," since encouraging women to get screened will invariably increase the number of breast cancer diagnoses and thus the market for their breast cancer drugs Arimidex, Faslodex, Nolvadex and Zoladex ("Si vous en venez aux sources de financement, vous trouverez souvent une firme pharmaceutique ou un fabricant de dispositif médical, qui ont tout à gagner d’une augmentation des gens concernés par la maladie". Welch [un des spécialistes interviewés par le journal] tient le sponsoring du mois d’information par Astra Zeneca pour "un énorme conflit d’intérêts", attendu qu’encourager les femmes à se faire dépister va immanquablement augmenter le nombre de cancers mammaires diagnostiqués et, par là même, étendre le marché des anticancéreux de cette firme, comme Arimidex, Faslodex, Nolvadex et Zoladex).

[5] Quand ce n’est pas leur droite avec leur gauche...

[6] Esserman, L., Y. Shieh, and I. Thompson, Rethinking screening for breast cancer and prostate cancer. JAMA, 2009. 302(15) : p. 1685-92.

[7] Zahl, P.-H., J. Maehlen, and H.G. Welch, The Natural History of Invasive Breast Cancers Detected by Screening Mammography. Arch Intern Med, 2008. 168(21) : p. 2311-2316.

[8] Black, W.C., D.A. Haggstrom, and H.G. Welch, All-cause mortality in randomized trials of cancer screening. J Natl Cancer Inst, 2002. 94(3) : p. 167-73

[9] Lasch, C., La culture du narcissisme. 1979 : Flammarion (Champs essais).

[10] Garattini, S. and V. Bertele, Efficacy, safety, and cost of new anticancer drugs. BMJ, 2002. 325(7358) : p. 269-71.

[11] Par rapport auxquels, n’en déplaise à certains internautes, j’ai parfaitement compris la différence entre efficacy et effectiveness selon les acceptions des revues Cochrane...

[12] "L’information fournie par les associations et les organisations gouvernementales est pauvre et gravement biaisée en faveur du dépistage. Peu de sites internet respectent les standards de l’acceptable en matière de consentement informé (...)". Jorgensen, K.J. and P.C. Gotzsche, Presentation on websites of possible benefits and harms from screening for breast cancer : cross sectional study. BMJ, 2004. 328(7432) : p. 148.

mercredi 16 décembre 2009

OMS : le «pape de la grippe A» accusé de corruption

par F. William Engdahl
source: VoltaireNet.org

Journaliste états-unien, il a publié de nombreux ouvrages consacrés aux questions énergétiques et géopolitiques. Derniers livres parus en français : Pétrole, une guerre d'un siècle : L'ordre mondial anglo-américain (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2007) et OGM : semences de destruction : L'arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008).
On le surnomme « Dr Flu » (Docteur Grippe), le professeur Albert Osterhaus est le principal conseiller de l’Organisation mondiale de la Santé face à la pandémie de grippe H1N1. Depuis plusieurs années, il prédit l’imminence d’une pandémie globale et ce qui se passe aujourd’hui semble lui donner raison.
Cependant, le scandale qui a éclaté aux Pays-Bas et fait l’objet d’un débat au Parlement a mis en évidence ses liens personnels avec les laboratoires fabriquant les vaccins qu’il fait prescrire par l’OMS.
F. William Engdhal relate comment un expert peu scrupuleux a pu manipuler l’opinion publique internationale, surévaluer l’impact de la grippe H1N1, et faire la fortune des laboratoires qui l’emploient.

Dans le courant de cette année, le Parlement néerlandais [1] nourrissait des soupçons à l’encontre du fameux Dr Osterhaus et avait ouvert une enquête pour conflit d’intérêts et malversations. Hors des Pays-Bas et des médias néerlandais, seules quelques lignes dans la très respectée revue britannique Science firent mention de l’enquête sensationnelle sur les affaires d’Osterhaus. Ni les références, ni l’expertise d’Osterhaus dans son domaine n’étaient remises en question. Ce qui est mis en cause, comme nous l’apprend la revue Science dans une simple dépêche, c’est l’indépendance de son jugement personnel en matière de pandémie de grippe A. Science publiait ces quelques lignes à propos d’Osterhaus dans son édition du 16 octobre 2009 : « Aux Pays-Bas, ces six derniers mois, il était difficile d’allumer sa télévision sans voir apparaître le célèbre chasseur de virus Albert Osterhaus et l’entendre parler de la pandémie de grippe A. Du moins, c’est ce que l’on croyait. Monsieur Grippe, c’était Osterhaus, le directeur d’un laboratoire de réputation internationale au sein du Centre médical de l’Université Érasme de Rotterdam. Mais, la semaine dernière, sa réputation est descendue en flamme après que des soupçons ont été émis sur sa velléité d’attiser les craintes d’une pandémie dans le but de servir les intérêts de son propre laboratoire dans la mise au point de nouveaux vaccins. Au moment où Science mettait sous presse, la Deuxième Chambre du Parlement néerlandais annonçait même que la question serait débattue en urgence. » [2] Le 3 novembre 2009, sans pour autant en sortir indemne, Osterhaus avait su éviter les dégâts. Sur le site de Science, on pouvait lire dans l’un des blogs : « La Deuxième Chambre du Parlement néerlandais a aujourd’hui rejeté une motion exigeant que le gouvernement rompe tout lien avec le virologiste Albert Osterhaus du Centre médical de l’Université Erasmus de Rotterdam, qui fait l’objet d’une mise en accusation pour conflit d’intérêts en tant que conseiller gouvernemental. De son côté, le Ministre de la Santé Ab Klink annonçait dans le même temps une loi [3] pour la transparence du financement de la recherche, contraignant les scientifiques à révéler les liens financiers qu’ils entretiennent avec des entreprises privées. » [4] Dans un communiqué sur le site Internet du Ministère de la Santé, M. Klink, dont on sait qu’il compte parmi les amis personnels d’Osterhaus [5], affirmait par la suite que ce dernier n’était qu’un conseiller du Ministère parmi de nombreux autres sur les questions des vaccins contre la grippe A H1N1. Il s’est aussi dit « au courant » des intérêts financiers d’Osterhaus [6] : ils ne cachent rien d’extraordinaire, simplement le progrès de la science et de la santé publique. Du moins, c’est ce qu’on croyait. Un examen plus poussé du dossier Osterhaus laisse entrevoir que ce virologiste néerlandais à la renommée internationale pourrait se trouver au centre d’une anarque mettant en jeu plusieurs milliards d’euros autour de l’idée d’une pandémie. Un système frauduleux dans lequel des vaccins non-testés sont injectés à des humains, au risque —cela c’est déjà produit— de provoquer de sévères séquelles, de graves paralysies, voire des décès.
La supercherie des fèces d’oiseau

Albert Osterhaus n’est pas du menu fretin. Il a joué un rôle dans toutes les grandes paniques suscitées par l’apparition de virus, depuis les mystérieux décès imputés au SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) à Hong-Kong, là où l’actuelle Directrice générale de l’OMS Margaret Chan avait lancé sa carrière de responsable de la Santé Publique au niveau local. D’après sa biographie officielle à la Commission Européenne, en avril 2003, au paroxysme de la panique provoquée par le SRAS, Osterhaus fut engagé pour participer aux enquêtes sur les cas d’infections respiratoires qui se multipliaient alors à Hong Kong. On peut lire ces mots dans le rapport de l’Union Européenne : « il démontra à nouveau son talent à réagir rapidement à de graves situations. En trois semaines, il a prouvé que cette maladie est provoquée par un coronavirus récemment découvert qui contamine les civettes, les chauves-souris et d’autres animaux carnivores. » [7] Par la suite, quand les cas de SRAS ne firent plus parler d’eux, Osterhaus passa à autre chose, œuvrant cette fois pour la médiatisation des dangers de ce qu’il nommait la grippe aviaire H5N1. En 1997 il avait déjà sonné l’alarme après la mort, à Hong Kong, d’un enfant de trois ans qu’Osterhaus savait avoir été en contact avec des oiseaux. Osterhaus développa son lobbying à travers les Pays-Bas et l’Europe, affirmant qu’une nouvelle mutation létale de la grippe aviaire s’était transmise aux humains et que des mesures drastiques devaient être prises. Il revendiquait être le premier scientifique au monde à avoir montré que le virus H5N1 pouvait contaminer des humains. [8] Evoquant la dangerosité de la grippe aviaire dans une interview diffusée sur la BBC en octobre 2005, Osterhaus déclarait : « si le virus réussissait effectivement à muter de telle sorte qu’il se transmette ensuite entre humains, alors nous serions dans une situation complètement différente : nous pourrions nous trouver devant un début de pandémie. » .Il ajoutait : « il y a un vrai risque que le virus soit disséminé par les oiseaux dans toute l’Europe. C’est un risque réel que personne n’a pourtant pu évaluer jusqu’à présent, parce que nous n’avons pas mené les expérimentations. » [9] Le virus n’a jamais réussi sa mutation, mais Osterhaus était prêt à « mener des expérimentations » que l’on peut imaginer largement rétribuées. Pour appuyer son alarmant scénario de pandémie en tentant de lui donner une légitimité scientifique, Osterhaus et ses assistants en poste à Rotterdam commencèrent à collecter et congeler des échantillons de fèces d’oiseaux. Il affirma que, selon les périodes de l’année, jusqu’à 30 % de tous les oiseaux d’Europe s’avéraient transporter le virus mortel de la grippe aviaire H5N1. Il affirma également que les éleveurs en contact avec des poules et des poulets se trouvaient alors exposés au dit virus. Osterhaus briefa les journalistes qui prirent bonne note de son message alarmiste. La classe politique fut mise en alerte. Dans la presse, il émit l’hypothèse selon laquelle le virus, qu’il étiquetait H5N1, après avoir provoqué plusieurs décès aux antipodes asiatiques, allait se propager en Europe, vraisemblablement transporté sur les plumes ou dans les entrailles d’oiseaux mortellement infectés. Il soutenait la thèse d’oiseaux migrateurs capables d’apporter le nouveau virus mortel vers l’ouest aussi loin qu’en Ukraine et sur l’île de Rügen [10]. Il lui suffit pour cela de feindre d’ignorer que les oiseaux ne migrent pas d’est en ouest mais bien du nord vers le sud. La campagne alarmiste d’Osterhaus autour de la grippe aviaire décolla réellement en 2003, lorsqu’un vétérinaire néerlandais trouva la mort après avoir été malade. Osterhaus annonça que sa mort résultait d’une contamination par le virus H5N1. Il convainquit le Parlement néerlandais d’exiger l’abattage de millions de poulets. Pourtant, aucune autre personne ne succomba à une infection similaire à celle attribuée au H5N1. Pour Osterhaus, cela démontrait l’efficacité de la campagne d’abattage préventif. [11] Pour Osterhaus, les déjections aviaires propageaient le virus en retombant sur les populations et les autres oiseaux au sol. Il était ferme dans sa conviction que ces déjections constituaient le vecteur de propagation de la nouvelle poussée mortelle du virus H5N1 depuis l’Asie. Un problème se posait cependant avec le stock grandissant d’échantillons congelés des déjections aviaires que lui et ses associés avaient rassemblés et conservés dans son institut. La présence du virus H5N1 ne put être confirmée dans un seul de ces échantillons. En 2006, à l’occasion du congrès de l’OIE (Office international des épizooties, désormais appelé Organisation mondiale de la santé animale), Osterhaus et ses collègues à l’Université Érasme furent forcés d’admettre qu’en testant les 100 000 échantillons de matières fécales rassemblés avec tant de précaution, ils n’avaient découvert aucune trace du virus H5N1. [12] En 2008, à Vérone, lors de la conférence de l’OMS intitulée « La grippe aviaire à l’interface Homme-Animal », Osterhaus prenait la parole devant ses collègues scientifiques, sans doute moins échauffés que le public non-scientifique par ses incitations à l’émotivité. Il admettait que : « dans l’état actuel des connaissances, rien ne permet[tait] de formuler une mise en garde contre le virus H5N1, ni d’affirmer qu’il puisse provoquer une pandémie. » [13] Mais, à ce moment-là, son regard se portait déjà fixement sur d’autres gâchettes à actionner pour faire converger son travail sur les vaccins avec de nouvelles possibilités de crise pandémique. En 1923, Louis Jouvet met en scène "Knock ou le triomphe de la médecine" de Jules Romain. Un médecin peu scrupuleux s’installe dans une petite ville et parvient à en convaincre les habitants qu’ils sont tous malades. Il leur prescrit des traitements inutiles, coûteux, et parfois dangereux. La pièce est portée à l’écran en 1933. L’escroc y dit la célèbre réplique : « Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent. »
Grippe A et corruption à l’OMS

Constatant que la grippe aviaire n’avait fait surgir aucune vague meurtrière de grande ampleur —et après que Roche, qui produit le Tamiflu, et GlaxoSmithKline, qui produit le Relenza, eurent encaissé des milliards de dollars de profits quand les gouvernement ont décidé de stocker des vaccins antiviraux contestés—, Osterhaus et les autres conseillers pour l’OMS se tournèrent vers de plus verts pâturages.

En avril 2009, leurs recherches semblaient couronnées de succès lorsqu’à La Gloria, un petit village mexicain de l’État du Veracruz, un enfant malade fut diagnostiqué comme porteur de la grippe alors dite « porcine » ou H1N1. Avec un empressement déplacé, l’appareil propagandiste de l’Organisation mondiale de la Santé à Genève fut lancé sur les chapeaux de roues avec les déclarations de son Directeur Général, le Docteur Margaret Chan, concernant l’éventuelle menace d’une pandémie mondiale.

Mme Chan évoqua « l’urgence de santé publique d’envergure internationale » [14] Par la suite, d’autres cas déclarés à La Gloria furent présentés sur un site Internet médical comme : une « étrange » poussée d’infections pulmonaires et respiratoires aiguës, qui évoluent en broncho-pneumonie dans certains cas rencontrés chez des enfants. Un habitant du village en décrivait les symptômes : « fièvres, toux sévères et sécrétions nasales très importantes » [15]

Ces symptômes prennent par contre tout leur sens dans le contexte environnemental de La Gloria, une des zones au monde qui concentrent le plus grand nombre de porcs en élevage intensif, dont les exploitations sont principalement détenues par l’américain Smithfield. Depuis des mois, la population locale manifestait devant le siège mexicain du groupe Smithfield, se plaignant de graves affections respiratoires dues aux lisiers de porc. Cette cause plausible pour les diverses maladies diagnostiquées à La Gloria ne sembla intéresser ni Osterhaus ni les autres conseillers de l’OMS. Enfin se profilait la pandémie tant attendue, celle qu’il avait prédite dès 2003, lors de sa participation aux recherches sur le SRAS dans la province de Guandgong en Chine.

Le 11 juin 2009, Margaret Chan annonçait que la propagation du virus de la grippe H1N1 avait atteint le niveau 6 de l’« urgence pandémique ». Curieusement, elle précisait lors de cette annonce que « selon les informations disponibles à ce jour, une majorité écrasante de patients ressentent des symptômes bénins ; leur rétablissement est rapide et complet, le plus souvent en ne recourant à aucun traitement médical. » Avant d’ajouter : « Au niveau mondial, le nombre de décès est peu important, nous ne nous attendons pas à voir une poussée soudaine et spectaculaire du nombre des infections graves ou mortelles. »

On apprenait plus tard que Chan avait agi à la suite de débats fiévreux à l’OMS, sur les conseils du Groupe stratégique consultatif d’experts de l’OMS (SAGE, Strategic Advisory Group of Experts). L’un des membres du SAGE, à l’époque et encore aujourd’hui, est notre « Monsieur Grippe », le docteur Albert Osterhaus.

Osterhaus occupait non seulement une position stratégique pour recommander à l’OMS de déclarer l’« urgence pandémique » et inciter à la panique, mais il était aussi le président d’une organisation en première ligne sur le sujet, le Groupe de travail scientifique européen sur la grippe (ESWI, European Scientific Working group on Influenza), qui se définit comme un « groupe multidisciplinaire de leaders d’opinion sur la grippe, dont le but est de lutter contre les répercussions d’une épidémie ou d’une pandémie grippales » Comme ses membres l’expliquent eux-mêmes, l’ESWI mené par Osterhaus est le pivot central « entre l’OMS à Genève, l’Institut Robert Koch à Berlin et l’Université du Connecticut aux États-Unis. »

Le plus significatif au sujet de l’ESWI est que son travail est entièrement financé par les mêmes laboratoires pharmaceutiques qui gagnent des milliards grâce à l’urgence pandémique, tandis que les annonces faites par l’OMS obligent les gouvernements du monde entier à acheter et stocker des vaccins. L’ESWI reçoit des financements des fabricants et des distributeurs de vaccins contre le H1N1, tels que Baxter Vaccins, MedImmune, GlaxoSmithKline, Sanofi Pasteur et d’autres, dont Novartis, qui produit le vaccin et le distributeur du Tamiflu, Hofmann-La Roche.

Pour garder l’avantage, Albert Osterhaus, le plus grand virologiste mondial, conseiller officiel sur le virus H1N1 des gouvernements britannique et néerlandais et chef du Département de Virologie du Centre médical de l’Université Érasme, siégeait à la fois parmi l’élite de l’OMS réunie dans le groupe SAGE et présidait l’ESWI, parrainé par l’industrie pharmaceutique. À son tour, l’ESWI recommanda des mesures extraordinaires pour vacciner le monde entier, considérant comme élevé le risque d’une nouvelle pandémie qui, disait-on avec insistance, pourrait être comparable à l’effrayante pandémie de grippe espagnole de 1918.

La banque JP Morgan, présente à Wall Street, estimait que, principalement grâce à l’alerte pandémique lancée par l’OMS, les grands industriels pharmaceutiques, qui financent également le travail de l’ESWI d’Osterhaus, étaient prêts à engranger 7,5 à 10 milliards de dollars de bénéfices. [16]

Le docteur Frederick Hayden est à la fois membre du SAGE à l’OMS et du Wellcome Trust à Londres ; il compte notamment parmi les proches amis d’Osterhaus. Au titre de services « consultatifs », Hayden reçoit par ailleurs des fonds de la part de Roche et de GlaxoSmithKline parmi d’autres géants pharmaceutiques engagés dans la production de produits liés à la crise du H1N1.

Un autre scientifique britannique, le professeur David Salisbury, qui dépend du ministère britannique de la Santé, est à la tête du SAGE à l’OMS. Il dirige également le Groupe consultatif sur le H1N1 à l’OMS. Salisbury est un fervent défenseur de l’industrie pharmaceutique. Au Royaume-Uni, le groupe de défense de la santé One Click l’a accusé de dissimuler la corrélation avérée entre les vaccins et la montée en flèche de l’autisme chez l’enfant, ainsi que celle existant entre le vaccin Gardasil et des cas de paralysie et même de décès. [17]

Le 28 septembre 2009, le même Salisbury déclarait : « la communauté scientifique s’accorde sur l’absence totale de risque concernant l’inoculation du Thimérosal (ou Thiomersal). » Ce vaccin, utilisé contre le H1N1 en Grande-Bretagne, est principalement produit par GlaxoSmithKlilne. Il contient du Thimérosal, un conservateur à base de mercure. En 1999, de plus en plus de preuves faisant état que le Thimérosal présent dans les vaccins pourrait être la cause de cas d’autisme chez l’enfant aux États-Unis, l’American Academy of Pediatrics (Académie américaine de pédiatrie) et le Public Health Service (Bureau de la santé publique) avaient exigé son retrait de la composition des vaccins. [18]

On trouve encore un autre membre de l’OMS partageant d’étroits liens financiers avec les fabricants de vaccins qui profitent des recommandations du SAGE, en la personne du docteur Arnold Monto, un consultant rémunéré par les fabricants de vaccins MedImmune, Glaxo et ViroPharma.

Pire encore, participent aux réunions de scientifiques « indépendants » du SAGE, des « observateurs » comprenant, et oui, les mêmes producteurs de vaccins GlaxoSmithKline, Novartis, Baxter et consort. On peut se demander, si les meilleurs experts de la grippe au monde sont censés composer le SAGE, pourquoi invitent-ils les fabricants de vaccins à y participer ?

Au cours de la dernière décennie, l’OMS mettait en place ce que l’on nomme des « partenariats public/privé », dans le but d’accroître les fonds à sa disposition. Mais, plutôt que de recevoir des fonds provenant uniquement des gouvernements des pays membres de l’ONU, comme cela était prévu à l’origine, l’OMS reçoit à l’heure actuelle de la part des entreprises privées près du double du budget habituellement alloué par l’ONU sous forme de bourses et d’aides financières. De quelles entreprises privées ? Des mêmes fabricants de vaccins et de médicaments qui profitent des décisions officielles telles que celle prise en juin 2009 à propos de l’urgence pandémique de la grippe H1N1. Tout comme les bienfaiteurs de l’OMS, les grands laboratoires ont tout naturellement leurs entrées à Genève, et ont droit à un traitement fait de « portes ouvertes et de tapis rouges » [19].

Dans une interview donnée au magazine allemand Der Spiegel, un membre de la Cochrane Collaboration, une organisation de scientifiques indépendants qui évaluent toutes les études menées sur la grippe, l’épidémiologiste Tom Jefferson montrait les conséquences de la privatisation de l’OMS et la marchandisation de la santé.


« T. Jefferson : […] l’une des caractéristiques les plus ahurissantes de cette grippe, et de tout le roman-feuilleton qui en a découlé, est que, année après année, des gens émettent des prévisions de plus en plus pessimistes. Jusqu’à présent, aucune ne s’est jamais réalisée et ces personnes sont toujours là à répéter leurs prédictions. Par exemple, qu’est-il arrivé avec la grippe aviaire qui était censée tous nous tuer ? Rien. Mais, ce n’est pas cela qui arrête ces gens de faire leurs prédictions. Parfois, on a le sentiment que c’est toute une industrie qui se prête à espérer une pandémie.
Der Spiegel : De qui parlez-vous ? De l’OMS ?
T. J : L’OMS et les responsables de la santé publique, les virologistes et les laboratoires pharmaceutiques. Ils ont construit tout un système autour de l’imminence de la pandémie. Beaucoup d’argent est en jeu, ainsi que des réseaux d’influence, des carrières et des institutions tout entières ! Et il a suffit qu’un des virus de la grippe mute pour voir toute la machine se mettre en branle. » [20]



Lorsqu’on lui a demandé si l’OMS avait délibérément déclaré l’urgence pandémique dans le but de créer un immense marché pour les vaccins et les médicaments contre le H1N1, Jefferson a répondu :

« Ne trouvez-vous pas frappant que l’OMS ait modifié sa définition de la pandémie ? L’ancienne définition parlait d’un virus nouveau, à propagation rapide, pour lequel l’immunité n’existe pas, et qui entraîne un taux élevé de malades et de décès. Aujourd’hui, ces deux derniers points sur les taux d’infection ont été supprimés, et c’est ainsi que la grippe A est entrée dans la catégorie des pandémies. » [21]

Très judicieusement, l’OMS publiait en avril 2009 la nouvelle définition de la pandémie, juste à temps pour permettre à l’OMS, sur les conseils émanant, entre autres, du SAGE, de « Monsieur Grippe », alias Albert Osterhaus, et de David Salisbury, de qualifier d’urgence pandémique des cas bénins de grippe, rebaptisée grippe A H1N1. [22]

Le 8 décembre 2009, dans la note en bas de page pertinente d’un article sur la gravité ou la bénignité de la « pandémie mondiale » du H1N1, le Washington Post mentionnait que : « la deuxième vague d’infection du H1N1 étant parvenue à son apogée aux États-Unis, les principaux épidémiologistes prévoient que la pandémie pourrait compter parmi les plus bénignes depuis que la médecine moderne documente les épidémies de grippe. » [23]

Igor Barinov, parlementaire russe et président du Comité pour la Santé à la Douma, a exigé des représentants russes à l’OMS en poste à Genève qu’ils diligentent une enquête officielle sur les indices multiples de la corruption massive acceptée par l’OMS et menée par l’industrie pharmaceutique. « De graves accusations de corruption sont prononcées à l’encontre de l’OMS », affirmait Barinov. « Une commission internationale d’enquête doit s’organiser au plus vite. » [24]





F. William Engdahl

Journaliste états-unien, il a publié de nombreux ouvrages consacrés aux questions énergétiques et géopolitiques. Derniers livres parus en français : Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2007) et OGM : semences de destruction : L’arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008).











Version française : Nathalie Krieg pour Voltairenet.








[1] NDT : Tweede Kamer der Staten-Generaal (Deuxième Chambre des États-Généraux des Pays-Bas, elle correspond à la Chambre basse).

[2] Article en anglais, Martin Enserink, in "Holland, the Public Face of Flu Takes a Hit" (« Hollande, le visage public de la grippe essuie un coup »), Science, 16 octobre 2009, Vol. 326, n° 5951, pp. 350–351 ; DOI : 10.1126/science.326_350b.

[3] NDT : « Sunshine Act », en référence à la dénomination états-unienne des lois concernant la liberté d’information.

[4] Article en anglais, Science, 3 novembre 2009, "Roundup 11/3 The Brink Edition".

[5] Article en néerlandais, "De Farma maffia Deel 1 Osterhaus BV", 28 novembre 2009.

[6] Article en néerlandais, Ministerie van Volksgezondheid, Welzijn en Sport, "Financiële belangen Osterhaus waren bekend Nieuwsbericht", 30 septembre 2009.

[7] Albert Osterhaus, Commission Européenne, « Recherche ».

[8] Ibid.

[9] Article en anglais, Jane Corbin, Interview with Dr Albert Osterhaus (« Entretien avec le Docteur Albert Osterhaus »), BBC Panorama, 4 octobre 2005.

[10] Article en allemand, Karin Steinberger, "Vogelgrippe : Der Mann mit der Vogelperspektive", Süddeutsche Zeitung, 20 octobre 2005.

[11] Ibid.

[12] Article en allemand, "Schweinegrippe—Geldgieriger Psychopath Auslöser der Pandemie ?", Polskaweb News.

[13] Article en anglais, Ab Osterhaus, "External factors influencing H5N1 mutation/reassortment events with pandemic potential" (« Facteurs externes à fort potentiel pandémique entrant en jeu dans les cas de mutation et de réassortiment du virus H1N1 »), OIE, 7-9 octobre 2008, Vérone, Italie. Téléchargement.

[14] Article en anglais, Health Advisory, Swine Flu Overview, avril 2009.

[15] Article en anglais, Biosurveillance, Swine Flu in Mexico- Timeline of Events, 24 avril 2009.

[16] Cité dans l’article en néerlandais de Louise Voller et Kristian Villesen, "Stærk lobbyisme bag WHO-beslutning om massevaccination", Information, Copenhagen, 15 novembre 2009.

[17] Article en anglais, Jane Bryant, et al, "The One Click Group Response : Prof. David Salisbury Threatens Legal Action" (« Le Professeur David Salisbury répond au groupe One Click par la menace d’une action judiciaire »), 4 mars 2009. Téléchargement.

[18] Prof. David Salisbury cité dans l’article en anglais "Swine flu vaccine to contain axed additive" (« La vaccin anti-grippe A contiendrait un adjuvant retiré du marché »), London Evening Standard et Gulf News, 28 septembre 2009.

[19] Article en allemand, Bert Ehgartner, "Schwindel mit der Schweinegrippe Ist die Aufregung ein Coup der Pharmaindustrie ?"

[20] Tom Jefferson, Entretien avec l’épistémologiste Tom Jefferson : « C’est toute une industrie qui espère une pandémie de grippe », Der Spiegel, 21 juillet 2009.

[21] Ibid.

[22] Article en néerlandais, Louise Voller, Kristian Villesen, "Mystisk ændring af WHO’s definition af en pandemi", Copenhagen Information, 15 novembre 2009.

[23] Article en anglais, Rob Stein, "Flu Pandemic Could Be Mild" (« La pandémie de grippe pourrait être modérée »), Washington Post, 8 décembre 2009.

[24] Article en néerlandais "Russland fordert internationale Untersuchung", Polskanet, 5 décembre 2009.